Les replis de l'hippocampe
de Corine Jamar

critiqué par Nathavh, le 15 août 2019
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Les replis de l'hippocampe
Le jour des 18 ans de sa fille Salomé, Calista apprend que son mari la trompe depuis le début avec la même femme. C'est la douche froide, banal, triste me direz-vous mais attention Salomé a une histoire particulière. Tout aurait pu être différent si au moment de sa naissance le sort et la malchance ne s'étaient pas ligués contre Calista.

Je m'explique. Au moment de la naissance, suite à des circonstances malheureuses et de mauvaises évaluations médicales, Salomé a failli y passer, résultat : elle est handicapée et souffre de troubles de l'hémisphère gauche du cerveau, celui de la parole, ainsi que d'une infirmité motrice cérébrale, elle est également autiste.

C'est un combat pour Calista qui devra tout laisser tomber pour s'occuper de sa fille, sans compter l'énorme sentiment de culpabilité qui l'anime.

Et si cet incident n'avait pas eu lieu, la situation aurait-elle été la même ? Cyril aurait-il renoué avec son ancien amour ? Cyril aime pourtant sa fille, il s'en occupe à sa façon. Il est dévasté et espère bien reconquérir sa femme et sa fille en suivant ensemble une thérapie.

Sa thérapie , Calista la fera en écrivant ce roman.

Des parallèles intéressants entre la vie et l'évolution de Salomé et les amours de Calista, un témoignage intéressant qui fait prendre conscience du quotidien avec le handicap, une situation vraiment complexe et difficile avec une écriture qui parvient à être légère et teintée d'humour.

A force d'amour et de ténacité, Salomé a progressé, c'est un livre positif, teinté d'espoir.

J'ai cependant été perturbée par l'écriture à la troisième personne, j'avais envie de l'entendre à la première sachant qu'en filigrane ce roman-témoignage est en partie une auto fiction. Je ne suis pas parvenue à prendre la distance sans doute suggérée par l'auteure avec l'utilisation du "elle".

Dans ce roman on parle aussi de la force des livres et de l'écriture, indispensable pour Salomé qui ne se déplace pas sans ses livres et essentielle pour Calista qui à travers l'écriture va trouver un exutoire, en faire une thérapie.

C'est agréable à lire, une plume bien documentée, sincère, teintée d'humour et d'une pointe de légèreté. J'ai cependant été mal à l'aise à certains moments de la lecture, me sentant un peu "voyeur", trop dans l'intime de ce couple, ressentant la sincérité et le vécu de l'auteure, à tort ou à raison.

Ma note : 7.5/10

Les jolies phrases

Leur couple était construit sur des non-dits, autour de cet enfant qui ne parle pas, et ne parlera jamais.

Tous les hommes sont des enfants, et toutes les femmes des mères.

Heureusement les médecins l'ont tirée de là, pas si vite, pas si vite. Mais la mort, mauvaise perdante, a laissée dans son cerveau les traces de son passage. Des lésions, on appelle ça. Localisées dans l'hémisphère gauche, le siège de la parole. Calista imagine un trône. Sans doute parce que ces lésions sont indétrônables, elles ne vont pas disparaître comme par enchantement mais, au contraire, régner en maître durant toute sa vie.

Un sirop qui a mauvais goût, on le mélange à de la nourriture pour qu'il passe mieux, pas vrai ? Diluer Salomé dans une famille redevenue normale ou presque, et rendre son handicap plus facile à avaler.

Une parole sincère est une parole vraie, et donc, parfaite. La sincérité fait en sorte qu'il n'y ait pas de différence entre vérité et réalité. La vérité passe à la trappe. C'est la sincérité qui compte et englobe tout.