White
de Bret Easton Ellis

critiqué par CC.RIDER, le 3 août 2019
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Bilan d'une cinquantaine un brin nombriliste
Nostalgique du cinéma des années 70, Bret se souvient avec délices et nostalgie de tous les films d’horreur dont il se délectait pendant son adolescence, tels « La maison des damnés », « Théâtre de sang » ou « Pantom of the paradise » de Brian de Palma. Alors qu’il n’est encore qu’un étudiant d’une vingtaine d'années, Bret est contacté par « Vanity Fair » pour qu’il écrive son premier article. Contre toute attente, son premier roman (« Moins que zéro ») paru alors qu’il n’a que 23 ans est tout de suite un énorme succès. Et pourtant cet opus ne comporte pas vraiment d’intrigue et ses personnages ne sont ni positifs ni sympathiques, mais parfaitement dans l’air du temps, c’est-à-dire nihilistes, cyniques et désenchantés. Un film en est tiré. Mais peu fidèle à l’esprit du livre, il est loin de rencontrer le succès escompté. Bret aura moins de réussite avec son deuxième opus « Les lois de l’abstraction » mais retrouvera à nouveau la réussite avec le troisième, le fameux « American Psycho » dont on tira un film qu’il trouve assez médiocre et même une comédie musicale…
Il est bien difficile de classer « White » dans une catégorie particulière. Ce n’est pas vraiment un roman, pas vraiment une biographie (encore que Bret Easton Ellis parle énormément de lui-même de son homosexualité qui semble l’alpha et l’oméga de son existence, de sa carrière et de ses fréquentations hollywoodiennes) et pas tout à fait un témoignage sur le monde de l’édition et du cinéma (quoi que les potins, ragots et historiettes sur toutes sortes de stars ne manquent pas). Certains passages raviront le lecteur curieux : par exemple tous ceux consacrés à l’élection de Donald Trump avec la stupeur et l’effroi des milieux bobos américains, choqués au point de le rejeter pour un tweet dans lequel il s’étonne de leurs réactions aussi idiotes que sectaires. Et également les portraits de Charlie Sheen, alcoolique et drogué, de Tom Cruise, dépressif avant de basculer dans la scientologie, et de Kanye West, ostracisé et considéré comme dément pour avoir déclaré que Trump pouvait être considéré comme un président acceptable. Dans l’ensemble, un bouquin agréable à lire pour qui n’est pas révulsé par les potins type Voici-Gala et le nombrilisme homo, mais pas vraiment du niveau de ses deux meilleurs, « Glamorama » et surtout « American psycho ».
Une ode à la liberté 8 étoiles

Easton Ellis dans son dernier livre met le lecteur devant les contradictions entre les années 70 et notre époque numérique. Après le cinéma et sa vie personnelle, il énumère où les USA en sont arrivés. La liberté d'aller voir un film quand il était adolescent et la censure pour tout et n'importe quoi désormais. Les courageux d'hier face à l'adversaire et les millenials qui ont peur de la vision d'autrui alors qu'ils sont sur Facebook, Instagram. Hollywood d'avant et celui à l'époque de Trump, avec des artistes qui l'insultent lors d'une remise de prix ou par tweet en oubliant que la majorité des citoyens ont voté pour lui... Étant lui-même homosexuel, il déplore qu'il ne soit plus possible de parler de telle catégorie de personne et qu'il faille être victime à tout bout de champ. Un livre qui fait du bien face au monde d'aujourd'hui.

Lili87 - - 40 ans - 26 août 2019