Déments à cheval
de Émilie Andrewes

critiqué par Libris québécis, le 3 août 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Vivement un cataclysme !
Ce roman présente un Robinson Crusoé québécois bien en peine dans son village au bord du fleuve Saint-Laurent. Destination littéraire bien prisée au Québec. Le protagoniste endosse même le prénom du célèbre personnage de Daniel Defoe. Robinson Lebreton nourrit l’hallucination qu’un tsunami va tout détruire. Il s’agit de communiquer, dans un bar, sa vision prochaine d’un cataclysme à un colporteur de mauvaises nouvelles pour que la rumeur se répande comme une traînée de poudre.

Le protagoniste, désespéré de l’humanité, souhaite ardemment la destruction du monde pour que naisse une nouvelle civilisation. Comme les Québécois sont ombrophiles, ils croient tous les charlatans qui annoncent la fin d’une société emportée par une apocalypse traînant dans son sillage le meilleur des mondes. La naïveté fait vivre les diseurs de bonne aventure comme les lamproies qui se nourrissent du sang de leurs victimes. À quelqu’un malheur est bon.

Le roman tente de démontrer la laideur qui résulte de ce nous avons fait sur cette terre. Comme dans un voyage dans le temps, l’oeuvre illustre toutes les vilenies qu’a enregistrées l’Histoire de l’humanité. Robinson Lebreton en fera le constat en voyageant de l’Antiquité au pays de la Loire du 12e siècle via le pont des chiens suicidés. À l’instar de Marty dans Back to the future, il veut revenir mais en se projetant dans ce que l’on entrevoit à la NASA. Habiter une autre planète pour connaître un second début.

On passe du fantastique à la science-fiction pour décrire notre univers de « déments à cheval », précise l’auteure. « Que fais-je? » se demande le héros perturbé, qui se sent siphonner de toute part. Retrouvera-t-il la quiétude qui favorise une existence heureuse comme Ulysse qui a fait un beau voyage ?

Ce projet littéraire s’annonce comme un bon roman surréaliste. Mais c’est difficile à suivre. L’allégorie, d’abord intéressante, débouche sur un univers amphigourique. Pourtant la romancière n’en est pas à ses premiers balbutiements. Elle ne séduira pas le jury des lettres par des effets de manche inopportuns. La simplicité a bien meilleur goût.