La maison des hommes vivants
de Claude Farrère

critiqué par Alceste, le 31 juillet 2019
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Entre suspense et épouvante
Le roman, paru en 1911, prend la forme du journal de bord d’un jeune officier qui raconte les journées qui l’ont amené dans une mystérieuse maison, où, ayant reçu l’hospitalité après s’être égaré dans une nature sauvage, il s’aperçoit bientôt qu’il est aux griffes de trois vigoureux vieillards, de similaire apparence, mais se présentant comme père, fils et petit-fils…

Au cours de conversations d’une « excessive et sinistre courtoisie », ces derniers dévoilent progressivement à leur prisonnier le "Secret de Longue Vie", et surtout le rôle macabre qu’il aura à jouer dans ce processus. Sans déflorer l’intrigue, ajoutons tout de même que les phénomènes électriques, encore récents à l’époque, interviendront d’une manière spectaculairement maléfique.

Abandonnant ses recettes romanesques traditionnelles ( « La pointe d’érotisme, la note d’exotisme, le trait d’héroïsme » selon Françoise Giroud), Claude Farrère livre ici un roman fantastique inquiétant dans son étouffant huis-clos, plein d’idées imaginatives et de haute tenue littéraire.

Extrait :
« Dans le silence qui régna de nouveau, je regardai toute la salle, - la cheminée ancienne, où rougeoyait un feu de bûches, - les bougies sur le mur, - le plafond à solives, noirci, - la vieille soie brochée des fauteuils, très beaux… Un étonnement me possédait, un étonnement auprès duquel tous mes étonnements ne comptaient plus, n’étaient rien… Je regardai mes trois hôtes, les deux centenaires aux grandes barbes de neige, et cet homme qui s’affirmait leur père et grand-père. Certes, il semblait le moins vieux. Sa face rasée n’avait presque pas de rides. Ses yeux vifs n’étaient guère creux. Sa voix, cette voix fluette, sortie de la tête, ne tremblait ni n’hésitait…