Le mors aux dents
de Vladimir Pozner

critiqué par Waitforspring, le 23 juillet 2019
( - 30 ans)


La note:  étoiles
L’épopée épique n’a pas lieu
Le mors aux dents est un roman biographique (largement romancé, car comme le dit l’auteur, les sources sont très rares) du Baron Sanglant, le Baron Ungern, général blanc commandant une division asiatique en extrême orient suite à la prise de pouvoir des bolcheviks. Ce général marginal et fantasque aurait tenté, sous aide étrangère et motivé par des considérations mystiques et pseudo-historiques, de recréer l’empire de Gengis Khan au delà du lac Baïkal, en envahissant la Mongolie, comme un prélude à une restauration de la monarchie sur la totalité du continent européen.

L’histoire apparemment hors norme de ce personnage, réel mais peu connu, promet un grand potentiel pour un roman épique. Même si l’on souhaite rester historique, fidèle à l’ambiance transbaïkalienne, force est d’admettre que le personnage haut en couleur du baron appelle à un récit coloré.

Il n’en est rien ici, où tout d’abord le roman se divise en deux parties: 100 premières pages sur la vie personnelle de l’auteur cherchant à exhumer des sources historiques et à se convaincre de l’intérêt d’écrire ce livre - tout en nous en nous faisant douter dans le même temps de notre choix de lecture.
Vient ensuite la seconde partie, le roman promis sur le baron Ungern.

C’est très subjectif ici mais il m’a semblé que le style était souvent pénible, avec certes de nombreux personnages (mais on s’y retrouve), mais surtout des passages descriptifs un peu laborieux. On sent chez l’auteur la volonté de faire basculer le roman dans une autre dimension en abordant Ungern comme un personnage complexe, ésotérique, métaphysique, mais souvent l’alchimie ne prend pas et l’épopée promise n’arrive pas.

Un livre qui a le mérite d’être bien documenté et de s’ancrer dans un contexte historique passionnant et assez bien cerné par le narrateur. L’occasion d’en apprendre légèrement plus pour un passionné de la Révolution Russe, peut être. Pour ce qui est d’Ungern, on en ressortira un peu frustré, certes écoeuré par la violence du personnage mais aussi parfois par celle du récit qui alterne les phases morbides et un calme mystique d’un trop grand ennui.