La Beat Generation : La révolution hallucinée
de Alain Dister

critiqué par Fee carabine, le 26 juin 2004
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Initiés à têtes d'ange brûlant...
Des oeuvres de la Beat Generation, je ne connaisssais jusqu’à présent que 2 livres de Jack Kerouac: j’avais aimé la spontanéité de « Sur la route », tandis que « Les anges vagabonds » m’avait paru plutôt creux. Mais je ne vais certainement pas en rester là, après avoir lu cet excellent petit livre. Alain Dister y dresse un portrait sensible et tout en nuances d’une génération hallucinée, emportée par les fumées déléthères et le rythme du jazz. Tout y est : la révolte, les histoires d’amitié ou d’amour pour le moins compliquées, mais surtout le mouvement, La pulsation qui animent les textes de Jack Kerouac ou d’Allen Ginsberg. Je ne résiste d’ailleurs pas à la tentation de recopier le très beau « Howl » d’Allen Ginsberg, qui se trouve en ouverture de « La génération hallucinée » (histoire de vous mettre en appétit) :

J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre, initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne, qui pauvreté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz, qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges d’Islam titubant illuminés sur les toits des taudis, qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant l’Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre, qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publications d’odes obscènes sur les fenêtres du crâne.