Le Silence de l'ange
de Heinrich Böll

critiqué par Tistou, le 8 juillet 2019
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Premier roman d’Heinrich Böll
« Le silence de l’ange » est le premier roman d’Heinrich Böll, écrit entre 1949 et 1951, mais publié seulement en 1992, à l’occasion du 75ème anniversaire de sa naissance.

« Sa rédaction a été plusieurs fois interrompue pour des raisons aussi bien matérielles que littéraires et l’ordre des chapitres remanié, ce qui peut expliquer certaines ellipses dans le déroulement de l’intrigue, ainsi que quelques imprécisions dans la chronologie de l’action. »

En fait, de son vivant, il publiera des chapitres, séparément, sous forme de nouvelles : « La carte postale », « La gouttière », …
Ecrit au tournant des années 40 – 50, il s’agit donc d’un récit de guerre. En fait post-guerre puisque la défaite vient d’être reconnue lorsque débute le roman. Hans Schnitzler (qui va se présenter au fil du roman sous divers autres noms d’emprunt) erre dans une ville en ruine (Cologne n’est pas nommée mais l’on comprend que c’est d’elle qu’il s’agit), à la recherche d’une femme, Elisabeth Gompertz. Elle est la femme du sous-officier qui s’est laissé fusiller à sa place juste avant le dénouement de la guerre. Il a quelque chose à lui remettre et il veut, a minima, lui faire connaître dans quelles conditions son mari est mort. (Se laisser fusiller à la place d’un autre ! Imagine-t-on les détresses morale, physique, dans lesquelles se trouvaient plongés les hommes en cette année 1944 ?!)
Son errance et ses recherches, auprès d’un hôpital de fortune, d’un prêtre, sont l’occasion pour Heinrich Böll de décrire et donner son ressenti sur cette époque terrible et proprement inimaginable. Il rencontrera Elisabeth Gompertz, et puis surtout Regina Unger qui, elle, vient de perdre son tout jeune enfant. Les détresses sont partout les mêmes ; le dénuement, la faim, la faim et encore la faim et puis apparaissant subtilement, les thèmes qui vont plus tard inspirer Heinrich Böll ; les replacements opportunistes de criminels de guerre, ou disons d’ex réels nazis, leur permettant de gagner fortune et pouvoir et de participer à la direction des gouvernements allemands dans les décennies qui suivent la fin de la guerre.
Hans Schnitzler pour sa part va trouver une espèce de rédemption auprès de Regina Unger après de longs jours de sidération. Ca permet à « Le silence de l’ange » de n’être pas totalement dans le désespoir. Une petite lueur à la fin … Une lueur mais aussi en filigrane les manigances de profiteurs de guerre …
Pour ma part c’est dans cet exercice des récits liés à son expérience de la guerre et de ce qui s’ensuit juste après que je trouve qu’Heinrich Böll donne sa meilleure mesure.
L’écriture est belle, la construction (comme évoqué en tête) un peu plus bancale. Mais pour se rendre compte de ce qu’a représenté pour les Allemands leur situation une fois la défaite consommée, alors « Le silence de l’ange » est précieux.