Les contrées des âmes errantes
de Jasna Samic

critiqué par Moreve, le 29 juin 2019
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Entrecroisement d'errances dans un vingtième siècle tourmenté
Présentation de l'éditeur
Dans leur modeste appartement parisien convoité par les promoteurs, Lena voit Aliocha se saouler chaque soir avec un vin médiocre et compulser obsessionnellement ses documents familiaux. Ce naguère brillant informaticien, un des hommes les plus élégants de Sarajevo, est miné par son éternelle interrogation : son père, qu’il n’a pas connu, a-t-il fait rouler les convois de la mort avant de disparaître en 1945 ?
À travers trois journaux intimes des ascendantes d’Aliocha, celui de sa Babouchka Liza – une Russe qui a connu Tolstoï et fui le bolchevisme jusqu’en Bosnie –, celui de sa mère Irina et celui de son Omama Grete – émigrée de Vienne à Sarajevo –, Lena raconte la saga familiale de son premier ex-mari, demeuré amant puis réépousé pour le faire échapper à la guerre des années 90…
Entrecroisement d’errances mêlées à la sienne propre d’amoureuse de l’art – Sarajevo, Istanbul, Londres, New York et surtout Paris –, poussée par une farouche soif d’indépendance, en quête permanente d’authenticité, affrontant contre vents et marées les apparatchiks ubuesques, les mâles retors, les imposteurs littéraires, les snobs parisiens, les intégristes islamistes enfin.*


Plusieurs thématiques se mêlent dans ce récit d’itinéraires entrecroisés, Histoire, géographie, politique. Les vies racontées nous font percevoir qu’il est impossible d’être manichéen. Comment se frayer un chemin dans ces pays où l’histoire est à fleur de peau ? La vie y devient nécessairement un destin.
Les séparations y sont source de douleur mais aussi de richesse. L’auteur montre bien comment son personnage torturé, Aliocha, symbolise ces Balkans inextricables.
Les personnages de femmes sont superbes.
J’ai beaucoup appris en lisant ce livre, sur ce que je n’avais pas pu comprendre auparavant, et sur ce qui advient aujourd’hui.
Un roman qu’on ne lâche pas et qui ne vous lâche pas quand on l’a refermé.
Un roman passionnant 9 étoiles

Les contrées des âmes errantes
C’est le titre irrésistible du dernier roman de Jasna Samic, publié aux éditions M.E.O en 2020 et que je vous avoue avoir dévoré. En fait, j’avais rencontré cette auteure il y a quelques années dans un salon du livre, alors qu’elle subissait les foudres des islamistes radicaux de Bosnie, elle qui est issue d’une famille d’intellectuels musulmans et l’une des rares spécialistes de la poésie soufie. Elle venait de publier Le givre et la cendre après son Portrait de Balthazar, qui avait reçu le prix Gauchez-Philippot. Quant à moi, j’avais compris dès la lecture du premier de ces trois romans que j’avais affaire à une écrivaine authentique, passionnée, féministe et démocrate jusqu’aux limites extrêmes de l’humour et du désespoir.
Ce roman-ci, tout en renforçant cette intime conviction, me pousse à ajouter l’adjectif « romantique » aux quatre précédents. Car il est littéralement imprégné de tout ce qui fait le romantisme à mes yeux : les sentiments amoureux les plus vifs assortis de leurs déceptions et chagrins ; la passion pour la défense désespérée de la justice et de l’équité à travers les événements politiques les plus violents ; le goût pour la vérité quoi qu’il en coûte ; la rébellion devant la fourberie, la tartufferie et la corruption institutionnalisées, même au prix d’une réputation et davantage encore.

Ce grand roman nous promène du dernier quart du XIXe au premier quart de notre XXIe siècle et de Novossibirsk à Paris, en passant par Kazan, Odessa, Istamboul, Sarajevo – oh oui, Sarajevo ! – Vienne, Kirchberg, Berlin, Londres et même New York et Vancouver : ces contrées où passent et repassent, se fixent un temps, aiment et souffrent les âmes errantes de plusieurs femmes et d’un homme, qui sera le petit-fils de l’une, le fils de la deuxième et le grand amour de la troisième citée ci-après.

Mais parlons de Liza, tout d’abord, née à Omsk d’un père qui était l’ami intime de Tolstoï : toute jeune professeure de langue et de littérature russe, elle s’enfuit de son pays à la révolution et, au bout d’un long périple à pied, en train et en bateau, à travers des lieux de mort, de désastre ou de relatif bonheur, atteint Sarajevo, où elle s’installe enfin avec son mari, Žarko, originaire de Bosnie. Un extrait de son journal donne d’ailleurs le ton du roman : « Peut-être tout exilé a-t-il besoin de poursuivre son errance, se sent-il obligé de fuir à l’infini en quête d’un pays sans nom, refusant d’admettre qu’il s’agit de son propre pays… »
Le deuxième personnage féminin est Irina, dite Ira, la fille de Liza, qui épouse Rudolf, Autrichien par sa mère et Allemand des Sudètes par son père. Nous sommes alors en 1942, en pleine seconde guerre mondiale. Un des frères de Rudolf, qui est pro nazi, les pousse à rejoindre le grand Reich. Ils se retrouvent alors à Kirchberg, comme des migrants, dans « des cabanes indignes d’êtres humains… » et Rudolf est mobilisé tout de suite dans l’armée allemande. Irina est enceinte. Elle va mettre au monde un petit garçon, Wolfgang. Mais elle est très seule, car son mari a de brèves permissions et il finit par ne plus revenir du tout. Le petit a à peine eu le temps de le connaître, mais il ne l’oubliera jamais. À l’arrivée des troupes soviétiques, sa connaissance du russe les sauve, elle et son fils. Les soldats russes les prennent sous leur protection et les voilà bientôt dans un Berlin en ruines, puis à Prague et ensuite à Vienne, Ljubljana et Sarajevo, où elle retrouve ses parents. Son fils est rebaptisé Alexeï : ce sera Aliocha pour les intimes. Rudolf semble avoir complètement disparu et Ira épouse un ancien partisan anti Oustachi, anti nazi, Vladimir, devenu officier dans l’armée de Tito. Tout cela nous est raconté par une narratrice qui se donne le nom de Lena Barunić, mais qui ressemble mot pour mot et trait pour trait à l’auteure, Jasna Samic.
Lena est l’amante, puis l’épouse, l’ex-épouse et des années plus tard à nouveau l’épouse d’Aliocha. C’est une intellectuelle de haut vol, fille d’une famille d’universitaires issus de l’aristocratie locale, qui n’adhère au parti communiste yougoslave que pour obtenir le droit d’aller faire un doctorat à Paris. Bonne musicienne et passionnée par la philosophie soufie, elle est curieuse de tout ce qui concerne la Culture et parle plusieurs langues. Aliocha, lui, est un brillant ingénieur et un séducteur invétéré. Tous deux vont vivre les bouleversements de leur vie intime en même temps que la fin du régime de Tito et la guerre de Bosnie. Pendant des années, la belle Lena sera sans cesse en porte-à-faux avec les pouvoirs en place, quels qu’ils soient. À l’issue de la guerre, elle perdra son gagne-pain de journaliste à Paris et son poste à l’université de Sarajevo : « Si à Paris on m’a traitée d’islamiste, certains à Sarajevo m’accusent à présent d’être islamophobe… » Rien n’est facile nulle part pour un esprit intègre : même si elle est d’origine musulmane – souvenir familial de l’Empire ottoman – en fait, elle n’accepte pas la mainmise des fondamentalistes religieux sur les choses et les gens de son pays où elle se fait rejeter et même agresser physiquement. Comme pour l’auteure, une fatwa est suspendue au-dessus de sa tête. Mais les années passant, désormais, c’est surtout le désespoir d’Aliocha qui l’inquiète : depuis toujours, celui-ci est harcelé par la pensée que son père, Rudolf, a pu être un nazi. En effet, il est évident qu’étant officier du Reich, basé à Lublin de 1943 à 45 et responsable dans les chemins de fer, celui-ci ne pouvait ignorer le camp de concentration tout proche et les sinistres convois. Quel rôle exact a-t-il joué ? C’est l’objet de l’enquête que va mener Lena en espérant éclairer Aliocha qu’envers et contre tout elle ne parvient jamais à abandonner.

Anna Praïel

Anna Praïel - - 76 ans - 11 mai 2020


passionant 10 étoiles

Je viens de lire « Les contrées des âmes errantes ».
Je ne dirai pas, chère Jasna, que ma vie est turbulente comme celle de tes personnages, loin de là, mais elle ne me laisse pas tellement de temps libre et c’est le confinement obligatoire dû à Corona qui m’a permis de me poser et de lire l’histoire de tes personnages. Je t’envoie ces quelques lignes sur ce que j’en ai retenu :
Lisa hospitalisée pour fracture du col de fémur dans un hôpital de Sarajevo ne peut pas être opérée, son cœur faible ne le permet pas. Allongée sur son lit d’hôpital, elle revoit son passé. Du côté de son père, Lisa vient d’une grande famille de notables russes. Sa mère était finlandaise. Toute l’enfance de Lisa a été baignée de culture « où la musique et la littérature tenaient une place prépondérante ». Elle-même écrivait des poèmes et tenait son journal intime. Lisa adorait Lev Nikolayevich Tolstoï, ami de son grand-père, puis de son père qui leur rendait visite régulièrement. Cette idylle familiale est brutalement balayée par la révolution Russe et l’avènement de Lénine en faisant pour certains de fervents défenseurs de l’ordre nouveau et en poussant les autres vers « Les contrées des âmes errantes ».
Irina est la fille de Lisa et de Zarko, un bosnien. Lisa rencontre Zarko en Russie où, sous le régime austro-hongrois, en vigueur à cette époque en Bosnie, Zarko est enrôlé dans l’armée de la Russie tsariste. Toute la famille se trouve à Sarajevo lorsqu’éclate la Deuxième guerre mondiale.
Aliocha est le fils d’Irina. Son père, Rudolf est d’origine autrichienne. Sa famille est installée à Sarajevo comme tant d’autres familles sous le régime austro-hongrois. Aliocha est né en Autriche où Irina a suivi la famille de Rudolf que le gendre Eugen a persuadée de fuir dans leur pays natal et surtout dans le pays d’Hitler où leur avenir serait meilleur.
Lena, la narratrice, est épouse d’Aliocha. Bien qu’ils se soient rencontrés dans les années 70, les années de paix, « d’unité et de fraternité » instaurées par le régime communiste, leur vie commune a, elle aussi, été très mouvementée. Ils ont vécu ensemble, se sont mariés, se sont séparés, ont divorcé, se sont remis ensemble et de nouveau mariés. Lena, elle aussi, vient d’une grande famille, de l’aristocratie locale du côté de sa mère, et son grand-père paternel était un haut fonctionnaire du régime austro-hongrois. Quant à ses arrières grands-parents, c’était aussi une famille aisée, de grands propriétaires terriens et de commerçants. Les parents de Lena étaient tous deux de grands intellectuels, le père professeur et violoniste renommé, la mère professeure également. Lena a grandi dans cette atmosphère des arts, de culture et d’ouverture d’esprit.
C’est dans ce décor d’événements historiques, si tragiques pour des millions de gens, que Jasna nous raconte avec le brio d’une écrivaine chevronnée, les périples des sagas familiales de ses personnages sans que l’on sache quelle est la part biographique du livre et celle inventée. Le point culminant de l’histoire est la disparition du père d’Aliocha. Enrôlé, lui aussi, dès son arrivée en Autriche, dans l’armée d’Hitler, Rudolf a bien rendu quelques visites à sa famille, a tenu dans ses bras son fils, il y a des photos qui le prouvent, puis un jour il n’est plus revenu. Pourtant, quelques indices porteraient à croire qu’il n’est pas mort. Aujourd’hui, Aliocha dans leur appartement parisien, est en train de sombrer, son père lui a manqué toute sa vie. Et surtout, comment continuer à supporter de ne pas savoir quel rôle a-t-il joué pendant la guerre, une photo le montre en costume d’officier de la Wehrmacht. Lena pense qu’elle seule peut le découvrir. Elle se met à parcourir l’Europe, l’Orient et va même en Amérique ! Y arrivera-t-elle ?
Le roman porte en bosnien le titre « Deveti val », en français « La neuvième vague » (le titre de la plus célèbre toile du peintre russe , Ivan Aïvazovski). Jasna va-t-elle nous écrire « La Dixième vague » ?
Poétesse et écrivaine reconnue, Jasna partage sa vie entre Paris et Sarajevo, sa ville natale où elle se rend régulièrement. Son esprit de rebelle, d’athée et d’indépendante se heurte sans cesse à cet ordre ou plutôt désordre nouveau issu de la guerre des Balkans des années 90. Ainsi elle est devenue la cible des milieux religieux ultraconservateurs qui ne se gênent pas de la menacer de mort.
Dragana Teklic

Draganateklic - - 73 ans - 20 avril 2020


Dans le chaudron des Blakans 7 étoiles

« Tous les soirs, Aliocha rentre de son travail chargé de canettes de bière et de quelques bouteilles de vin bon marché. Il s’enferme dans la cuisine et relit ses documents classés dans un dossier : journaux intimes, souvenirs de sa Babouchka Liza, de son Omama Grette, de sa mère Ira, ainsi que leurs correspondances, certificats de naissance, de décès… » Il veut savoir ce que son père a fait pendant la guerre de 1939/1945, quel a été son rôle, s’il a commis des exactions. Tous les papiers familiaux ont été détruits, il ne trouve aucun indice et se noie dans l’alcool. Il ne reste que les journaux intimes et quelques correspondances de sa mère Irina, et des grands-mères Liza et Grette, des documents bien insuffisants pour lui fournir les réponses qu’il attend.

L’arbre généalogique d’Aliocha est une véritable métaphore de la mosaïque des peuples qui constitue la population de l’Europe centrale, principalement des Balkans, depuis que les plaques tectoniques religieuses et culturelles se sont percutées dans cette région : la plaque germanique chrétienne, la plaque slave orthodoxe et la plaque ottomane musulmane. Ces différentes populations cohabitent plus ou moins bien, plutôt bien quand règne la paix, mais cette cohabitation prend vite des allures conflictuelles particulièrement barbares quand les conflits s’enveniment. Ces peuplades ne semblent pas connaître la modération, la violence est leur meilleur argument. L’histoire de l’Europe de l’est est jalonnée de massacres tous plus odieux les uns que les autres, les recenser est impossible et ça serait trop traumatisant. Aliocha est donc le petit-fils de Liza, une Russe née à Kazan ayant épousé un soldat bosnien combattant dans les troupes autrichiennes, et de Grette et Joseph nés à Vienne. Il est le fils d’Ira, la fille de Liza et Rudolff, le fils de Grette. Son arbre généalogique comporte des gènes finlandais, russes, autrichiens, bosniens, juifs, allemands et peut-être d’autres encore tant les populations se mélangent facilement dans cette région.

C’est Lena, son épouse, qui raconte cette histoire en recopiant d’abord tous les documents familiaux qui ont échappé à la destruction, elle voudrait aider Aliocha pour ne pas qu’il sombre définitivement mais aussi pour savoir ce que fut et fit Rudolf son beau-père. C’est une Bosnienne native de Sarajevo, la ville qu’elle adule, brillante universitaire spécialiste des langues, littératures et civilisations orientales, elle voyage beaucoup, obtient un passeport français, dispense des cours dans de nombreuses universités en Bosnie, en France, en Amérique, au Canada, en Turquie, etc… Ce n’est pas seulement une brillante intellectuelle, c’est d’abord une femme de conviction, d’action et de combat, qui n’accepte pas la dictature. Elle se bat pour la liberté sur tous les plans : la liberté des peuples asservis et martyrisés, la liberté des femmes contraintes par la religion, la liberté des cœurs, elle épouse ses amants et les abandonne quand leur histoire commune est épuisée, et la liberté des mœurs, elle couche avec ceux qu’elle aime. C’est elle qui choisit !

Toute sa vie elle a lutté avec fougue, à visage découvert, dédaignant le danger, négligeant les conseils de prudence, contre le totalitarisme, contre les héritiers du nazisme qui se manifestent périodiquement, contre les communistes qui ont asservi son peuple comme ils avaient déjà martyrisé les Russes de Kazan au temps de la grand-mère Liza, contre les nationalistes serbes qui voulaient éradiquer les habitants de sa ville, contre les maffias bosniaques déguisées en factions religieuses extrémistes pour installer leur pouvoir absolu en asservissant les femmes. Sa générosité dans le combat, son dédain du danger, sa liberté de pensée, de parole et d’écriture l’ont désignée comme une ennemie de premier plan par ceux qui veulent régner en maître sur les ruines de la Bosnie. Elle vit aujourd’hui sous la menace d’une demande de fatwa qui pourrait bien lui être infligée un jour. Mais le plus cruel n’est pas cette angoisse mortelle qui pèse en permanence au-dessus de sa tête mais bien l’ostracisme dont elle souffre partout où elle vit même à Paris ou New-York. On ne soutient pas les faibles, ils n’ont rien à donner…

Jasna c’est Lena, c’est son histoire qu’elle raconte, c’est l’histoire de sa ville, de son pays, des Balkans, de l’Europe centrale. Une nouvelle page d’histoire qui viendra s’ajouter à celle qu’Ivo Andric a déjà écrite il y a bien longtemps et à celles que d’autres auteurs, pas tous Bosniens, ont déjà écrites eux aussi : Danilo Kis, Mirko Kovac, Vidosav Scepanovic, Miroslav Popovic, Dubraska Ugresic, Bora Cosic, Velibor Colic, la petite Zlata Filipovic, Zeljiko Vukovic, Sassa Stanisic, Miljenko Jergovic, Aleksandar Hemon, le témoignage atroce de Slavenska Drakulic… et d’autres encore. Je n’ai pas fait le tri, j’ai lu tout ce que j’ai trouvé. J’espère seulement qu’un jour pas trop lointain chacun pourra vivre à Sarajevo selon ses convictions dans le respect de celles des autres. Chacun de ces auteurs m’a apporté un peu de sa lumière pour éclairer ma compréhension du maelström balkanique, pour que j’analyse au mieux tous les ingrédients qui font bouillir si fort le chaudron des Balkans si souvent en ébullition.

Si l’on en croit Jasna, « Sarajevo est désormais un mélange d’infortunés, de mythomanes, d’hypocrites, de narcisses, de mafieux… », alors rêvons avec elle qu’elle redevienne : « Sajarevo, ville de jardins et de cimetières, de joie et de tristesse », « lieu où douceur et grossièreté se fondent depuis la nuit des temps. Immergés dans leur plaisir lent, le merak, ses habitants planent au long des siècles entre le rêve et le réel ».

Débézed - Besançon - 76 ans - 18 juillet 2019