Le Triomphe des lumières
de Steven Pinker

critiqué par Colen8, le 24 juin 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
De l’optimisme à revendre
Tout irait pour le mieux sans les anti-Lumières, ces trop nombreux empêcheurs de tourner en rond. Les humanistes des Lumières en Occident qui se sont affranchis de la fatalité d’un monde régi par les dieux ont ainsi laissé advenir la pensée rationnelle, élargi les domaines de connaissance parallèlement aux avancées de la science, enclenché une ère de croissance et de richesse comme jamais auparavant. Les progrès humains accomplis sont immenses, évalués à l’aune du temps historique en combinant les indices du PIB/habitant, de l’espérance de vie en bonne santé, de l’épanouissement individuel et du bien-être collectif. Contribuant à la réduction des guerres entre Etats, la démocratie, le développement économique et le commerce mondial ont apporté ou accru le confort, la mobilité, l’éducation, la vaccination contre les maladies infectieuses, l’amélioration des techniques agricoles pour nourrir une population de milliards d’habitants supplémentaires.
Les biais cognitifs déformant le jugement rationnel, hérités de l’évolution et mis en évidence par les neurosciences, sont largement entretenus aussi bien par les médias oublieux des trains qui arrivent à l’heure que par nombre d’intellectuels influencés par Nietzsche et ses suiveurs du XXe siècle. Les uns et les autres ont accrédité le sentiment de déclinisme relatif à un illusoire âge d’or antérieur. Ils ont contribué plus ou moins à la remontée de mouvements d’extrêmes droite et gauche dont on a pourtant déjà mesuré pour les avoir vécus les effets catastrophiques : nationalisme, populisme, autoritarisme, tribalisme et autres fixations identitaires ou religieuses. Résultat, une fragilisation des valeurs démocratiques qu’il convient de défendre avec fierté : humanisme, droits universels de l’homme, recherche du bien commun, liberté d’expression, autonomie de la personne.
Plutôt que de se lamenter sur les menaces existentielles : le nucléaire, les pandémies, l’immigration de masse, le terrorisme, le changement climatique, les pénuries d’eau et de matières premières ne vaudrait-il pas mieux se coordonner et mettre tous ensemble les moyens pour trouver des solutions ? Sur le fond c’est un exposé rigoureux, complet, argumenté, étayé de quantité de graphiques explicites et de références, sur la forme c’est une lecture poussive, fastidieuse en raison d’un style sans élégance ni fluidité.