Une saison avec Dieu de Jean-Jacques Nuel

Une saison avec Dieu de Jean-Jacques Nuel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 21 juin 2019 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 7 étoiles
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Il était une fois la foi

Bien étrange histoire que celle que raconte Jean-Jacques Nuel dans ce récit qui évoque sa première année à la faculté de Lyon (il ne le précise jamais, mais on peut le penser puisqu’il est originaire de cette ville et que le indices géographiques concordent avec cette hypothèse). L’hiver qu’il aurait vécu avec un colocataire bien étrange, surnaturel même. Pour meubler le grand appartement qu’il louait et pour réduire le coût de son loyer, il a recherché un colocataire qui s’est présenté en disant s’appeler Dieu ce que l’auteur a trouvé suffisant, ne lui demandant aucune autre précision. Avec ce jeune homme, il a vécu un hiver, l’hiver 1974, particulièrement troublant, intriguant mais finalement paisible, agréable, enrichissant. Une compagnie qui ne serait pas étrange à sa réussite scolaire de l’année.

Dieu savait tout, savait tout faire, avait tous les talents, tous les dons, même celui de prédiction, c’était un véritable ange gardien, il veillait sur son colocataire en toutes circonstances surtout quand celui-ci commettait les abus que tous les étudiants finissent par commettre un jour ou l’autre. Il avait la sagesse de Bouddha, la force d’un athlète, l’intelligence d’un philosophe, l’amabilité et la convivialité du meilleur ami. Mais un jour il s’est évaporé dans la nature, a-t-il été ? rêvé ? fantasmé ? construit à partir de plusieurs autres personnages, bien difficile à dire sans avoir parlé avec l’auteur. Mais à mon avis là n’est pas la question, qu’il soit de chair et d’os ou seulement vue de l’esprit, cet être a existé et existe encore dans l’esprit de l’auteur et l’incline à une certaine spiritualité.

J’ai connu cette époque, j’ai quitté la faculté quand l’auteur y est arrivé et je voudrais qu’il m’excuse de l’avoir laissée dans l’état où il l’a trouvée mais je n’ai rien fait pour qu’elle devienne ce qu’elle est devenue. « Dans les années 70, l’université était un merdier indescriptible. Une pétaudière. Une chienlit, pour reprendre le mot du général de Gaulle ». Dans cette pétaudière, on ne parlait ni de Dieu ni de religion, ceux qui croyait en une religion quelconque ne s’en vantait surtout pas. A cette époque les diverses factions de gauchistes, communistes, socialiste plus ou moins progressistes s’étripaient pour démontrer que chacune d’elles était plus révolutionnaire que les autres, pour imposer leur vision de la révolution et du monde nouveau qu’il fallait créer.

C’est seulement en entrant dans la huitième décennie de sa vie que l’auteur a raconté cette histoire, en prétextant une certaine fatigue, une certaine usure, une certaine lassitude, toutes les altérations annonciatrices de l’approche de la fin. Je proteste un peu tout de même, l’auteur est plus jeune que moi et, si la maladie n’altère pas trop sa santé, il a encore de beaux textes à écrire, du moins je l’espère, avant de fermer définitivement ses livres ! On sent dans son texte, une volonté de donner une autre dimension à sa vie spirituelle avant d’affronter le versant inconnu de ce qui serait l’après.

Histoire extraordinaire, illusion spirituelle, révélation divine … ? Nous ne saurons jamais mais nous avons tous compris le message de Jean-Jacques Nuel, la vie n’est pas qu’une aire de lutte pour la possession des biens matériels, la vie c’est aussi un espace spirituel qui, peut-être, dépasse l’espace temporel qui nous est confié le temps de construire et consumer notre existence. On peut lire ce petit récit comme un évangile qui raconterait la vie d’une incarnation de Dieu auquel l’auteur croit de plus en plus fort. Chacun mesurera ses arguments à l’aune de sa propre croyance, moi je retiendrai avant tout sa grande sagesse et son désir de voir un monde plus ouvert à la spiritualité.

Je laisserai cette citation comme conclusion à cette chronique : « Depuis la nuit des temps l’homme erre dans les ténèbres, sans savoir où il va. Les plantes sont moins sottes, qui se tournent vers le soleil. »

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