Le piège américain
de Matthieu Aron, Frédéric Pierucci

critiqué par Colen8, le 15 juin 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Aperçu de la redoutable guerre économique menée par l’oncle Sam
Derrière son récit kafkaïen dont les séquences s’enchaînent comme un thriller, Frédéric Pierucci démontre un complot de la justice américaine à l’encontre des concurrents étrangers de ses fleurons industriels. Ancien cadre dirigeant expatrié à Singapour, il a compris que son arrestation inopinée en 2013 à New-York et sa condamnation pour corruption dans une affaire survenue 9 ans auparavant en Indonésie n’étaient là que pour cautionner le rachat par General Electric du groupe Alstom, la multinationale française dans laquelle il avait plus de 20 ans d’ancienneté. Son calvaire durera jusqu’à fin 2018 après avoir été incarcéré à deux reprises dans les conditions quasi staliniennes de centres de détention sous gestion privée.
Véritable rouleau compresseur la justice américaine se fait fort d’éviter des procès longs et dispendieux en obtenant le « plaider coupable » des prévenus par tous les moyens de pression, au besoin le chantage. Ni le droit de la défense, ni la présomption d’innocence, l’équité ou la vérité, ne pèsent face aux procureurs tout puissants. Les avocats, eux-mêmes souvent anciens procureurs, se contentent de négocier les peines et/ou les amendes au mieux de leur réputation. Dans cette affaire Alstom peu ébruitée jusqu’à ce qu’une commission parlementaire s’en saisisse, rien moins que le savoir-faire national stratégique dans l’énergie et le nucléaire a été livré sans contrepartie à une puissance étrangère.
Un long résumé du livre et de l’affaire dans laquelle la réalité dépasse la fiction est publié par l’Usine Nouvelle :
https://usinenouvelle.com/editorial/…