L'étrange théologie de Jean-Paul II et l'esprit d'Assise
de Johannes Dörmann

critiqué par CC.RIDER, le 29 mai 2019
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un peu ennuyeux
Depuis l’étrange cérémonie interreligieuse d’Assise où le monde entier put observer avec étonnement, amusement ou stupéfaction, un pape en train de prier aux côtés de dignitaires de la plupart des grandes religions mondiales mais également de chamans et de responsables de cultes primitifs divers et variés, il tout à fait normal de se poser un certain nombres de questions existentielles. Et surtout celle-ci : la religion catholique ainsi envisagée est-elle toujours « une, catholique et apostolique » ? Jésus-Christ et son Eglise ne seraient pas explicitement niés, mais simplement passés d’obligatoires à facultatifs. Relativisés, les voies vers le salut et la vie éternelle seraient-ils devenus multiples et interchangeables ? Une foi en valant une autre. Pour l’auteur cet aboutissement du Concile Vatican II n’est ni une erreur ni une théologie déviante ou farfelue mais véritablement une hérésie pure et simple. Et il se propose d’en apporter la preuve. Les exemples d’étrangetés sont abondants, telle cette courte prière d’un charmant syncrétisme : « Sois béni Seigneur, Dieu d’Israël, tu promets un nouveau monde.
Sois béni Seigneur, Dieu de Mohamed, tu es grand dans tes prophètes.
Sois béni Seigneur, Dieu de Bouddha, tu es la plénitude du silence.
Sois béni Seigneur, Dieu de l'Afrique, tu es l’âme du monde,
Sois béni Seigneur, Dieu de Jésus-Christ, tu vaincs la mort. »
« L’étrange théologie de Jean-Paul II et l’esprit d’Assise » est un essai théologique argumenté et documenté plutôt dense et de lecture relativement ardue. L’auteur s’attache à analyser avec minutie de très nombreux textes du pape, les mets en parallèle avec ceux du Concile, lesquels ne correspondent pas ou peu. Mais ces derniers sont tellement flous, qu’il a été facile de leur faire dire un peu tout et n’importe quoi sur ce point et dans toutes sortes d’autres domaines dont la liturgie. L’ennui c’est que bien évidemment, au bout du compte, on se retrouve en porte à faux et totalement en contradiction avec l’enseignement traditionnel de l’Eglise tel que prêché depuis l’origine. Cherchez l’erreur : les Catholiques ont dû errer deux millénaires dans les ténèbres avant que les très éclairés pères conciliaires dont Jean-Paul II fut un des membres les plus actifs ne viennent leur apporter la lumière. Et l’odeur de soufre qui va avec ! Dommage que le style soit lourd et académique et que cette minutie à vouloir accumuler preuves et citations finisse par lasser le lecteur. Le livre tombe assez vite des mains. Nous aurions préféré quelque chose de plus synthétique, de plus punchy et pourquoi pas de plus polémique, un pamphlet finalement. Mais ce n’est pas le genre de la maison. On reste dans le précis, le pointilleux, le méticuleux germanique.