Vers Saint-Gétorix
de Renaud Corbeil

critiqué par Libris québécis, le 27 mai 2019
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Gaule
Comme le titre Vers Saint-Gétorix le laisse présager, l’auteur tisse sa toile sur un anachronisme pour illustrer les questionnements qui viennent à l’esprit quand on observe le monde dans lequel on vit. Peu importe les époques, il semble que l’Histoire se répète de siècle en siècle. Les leçons du passé ne parviennent pas à débusquer les pièges tendus aux sociétés qui tentent de se dépêtrer sans cesse avec les mêmes énigmes.

La trame se déroule sur les tergiversations d’un jeune Gaulois du village de Saint-Gétorix qui étudie les sciences avec Archimède dans une université latine. Comme au Québec où fleurissent les rivalités entre francophones et anglophones, les Gaulois se jaugent supérieurs aux Romains avec lesquels ils doivent se mesurer en se projetant dans les joueurs de leur équipe de rugby. Mais quand chacun fréquente la seule université de l’Empire, on doit tirer ses marrons du feu, voire se faire des amis avec qui manger de la malbouffe aux mêmes MacRoman. Donc, de jeunes étudiants d’aujourd’hui vivent loin des leurs parents dans l’univers d’une époque marquée par l’hégémonie romaine. Ce n’est pas sans rappeler la suprématie américaine. L’art de tourner en rond dans le monde de l’évolution.

Le volet des études est suivi par celui de l’avenir réservé à ces jeunes friands de cervoise. Et c’est en Gaule évidemment que l’on concocte la meilleure. Que deviendront-ils ces jeunes qui fréquentent assidument les tavernes ? Cicéron ne leur prédit pas un destin glorieux dans une époque qui veut que l’on écrive son livre au lieu de travailler au bien de la société. Il reste que ces étudiant(e)s appartiennent à des familles qu’ils aiment. Auront-ils étudié pour perpétuer l’œuvre de leurs parents en tant que fermiers ? Personne n’a l’âme agricole. Que feront-ils alors de la ferme où ils ont vu le jour ?. La vendre ? La réponse surgit pendant une manifestation étudiante qui a nécessité l’intervention des légionnaires pour calmer l’ardeur des participants à l’instar de celle du Printemps érable au Québec en 2012.

Le roman souriant présente de nombreux points de similitudes entre les époques. L’idée était prometteuse, mais Renaud Corbeil n’a pas le don de la narration. C’est fort ennuyeux à cause de cette écriture qui ne parvient pas à traduire sur papier le projet littéraire qui sommeillait dans la tête de l’auteur.