Hapax-2000 - l'Odysée de l'Extase
de Mirli

critiqué par Débézed, le 17 mai 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
A travers le Mirliland
Ayant le désir de visiter le Mirliland pour découvrir la mirlitude dans sa plus grande authenticité, j’ai embarqué dans le vaisseau extasial HAPAX-2000 aux commandes de Mirli seul maître à bord. « L’heure est à l’inconduite ; largons les amarres, partons incontinent vers l’inconnu ! Mais oui, Bertrand, il y aura des pauses pipi. », décrète le pilote. Nous traversons des champs de mots bizarres, inconnus de nous jusques à ce jour, des phrases et des expressions étonnantes au sens parfois mystérieux, parfois déguisés, d’autres fois sibyllins mais rarement clair comme l’eau de la source. Nous avons même trouvé, en grand nombre, d’hapax, ces mots qui ne servent qu’une fois et dont on ne comprend pas toujours bien la signification. On dit qu’il y en aurait deux milles dans la Bible et presque autant dans ce recueil mais je ne les ai pas comptés. Avec Mirli, « Je passe une ognonière. Jamais encore je n’avais traversé un tel mot ! Une prairie calcinée, jonchée de formules creuses comme des troncs foudroyés. Mais, mais, mais, c’est un champ de mais ! …. ». Puis, nous avons cherché vainement Andrew Fahren-Foyle dans une petite histoire comme on en trouvait dans l’Os à moelle sous la plume de Roger Salardenne.

Etonnement, le recueil de Mirli m’a ramené à la fin des années soixante quand j’ai acheté une réédition des meilleures pages publiées par l’Os à moelle avant la deuxième guerre mondiale. Son inspiration, la forme qu’il a choisie, de courtes histoires entrelardées de calembours, aphorismes, jeux de mots, réflexions, … évoque bien cette revue. J’ai pensé notamment à « La vie romancée d’Evariste Malfroquet – Plombier-zingueur de Louis XIV » ou à « Le trésor de Lessiveuse-Bill » accompagnés de quelques pensées ou petites annonces de Pierre Dac. Incontestablement il y a du Dac chez Mirli mais peut-être plus encore du Salardenne. Je pense qu’il aurait pu adopter les principes énoncés par Pierre Dac et ses complices et rapportés par Michel Laclos dans la préface du tome II de l’Os à moelle version 1965 : « Affoler les boussoles, dérégler les pendules, et même le temps qu’il fait, intervertir les pages des encyclopédies, des clés de songes, des manuels de savoir-vivre, …, mettre le nord à l’est, la lune en plein midi, le dessus dessous ou ailleurs … ». Je romps là car liste est longue et Mirli saurait la rallonger encore avec sa créativité et son imagination dont on ne connait pas encore les limites.

« Ne confondons pas mirlisme et mirlitantisme. », je ne donne pas plus dans l’un que dans l’autre, je suis tout simplement un gourmet gourmand qui aime à se délecter de mirlignardises que « Je déguste (avec) une délicieuse mousse au cachalot ». Il n’y a pas de doute, au temps de l’Os à moelle Mirli aurait pu faire partie de la bande du Ministère loufoque dont Pierre Dac fut le premier premier ministre mais il aurait certainement été aspiré avant par le courant insufflé en Belgique par les maîtres du burlesque et autres formes d’expressions chères au grands joueurs qui ne mises que sur les mots.