A nous la liberté
de Christophe André, Alexandre Jollien, Matthieu Ricard

critiqué par Blue Cat, le 14 mai 2019
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Trois compères bien sympathiques, mais...
Ah, je suis un peu embêtée... Pour tout dire, chacun des trois auteurs, pris séparément, est non seulement intelligent, cultivé, mais aussi sympathique. Maintenant, ce livre d'entretiens entre ces trois amis de longue date fait-il un 'vrai livre' ?

Côté philosophie, nous trouvons l'attachant Alexandre Jollien. Ces citations de grands philosophes, notamment des Stoïciens, sont toujours un plaisir.

Côté psychologie, nous avons le psychiatre Christophe André. Sensible, profond, réellement altruiste.

Côté spiritualité, voilà notre Matthieu Ricard. Le plus sûr de lui, le plus structuré spirituellement et intellectuellement.

Alors, ce que nous racontent ces trois compères, quasiment 'au coin du feu', est certes intéressant, mais ressemble plus à une conversation entre potes, justement. L'idée des pages 'Boîte à outils' qui concluent chaque thème abordé fait un peu psycho/philo/spiritualité de bazar.

De plus, je suis intriguée et un peu inquiète de constater que, autant Alexandre Jollien que Christophe André, malgré leurs très longues années de psychothérapie, méditation, relaxation, retraites spirituelles etc, sont, en fait, aussi torturés que moi à l'arrivée. Alors, tout ça pour ça ?

Certes, Alexandre Jollien souffre dans son corps tous les jours et subit de fréquentes humiliations dans les lieux publics du fait de son handicap très visible. Sa grande culture philosophique et ses techniques spirituelles ne lui épargnent rien de ses souffrances quotidiennes.

Christophe André s'est sorti d'une 'longue maladie' qui l'a sans doute fragilisé. Il explique aussi qu'il a hérité d'un tempérament anxieux avec lequel il devra composer toute sa vie. Le bénéfice des pratiques multiples auxquelles il s'astreint ne me saute pas aux yeux.

Matthieu Ricard, lui, est nettement plus avancé sur son chemin spirituel. Je le ressens comme un roc entouré de deux plantes fragiles qu'il n'a de cesse de réconforter. Chez lui, pour le coup, on sent nettement les effets de toutes ces décennies de méditation, de prières, de retraites. Je ne me fais pas de souci pour lui, il avance d'un bon pas, loin devant nous.

Donc, je récapitule : Jollien est né lourdement handicapé et mourra lourdement handicapé. André est né triste et mourra triste. Ricard mourra en lévitation, le bienheureux. C'est méchant et injuste, d'accord, mais c'est un peu ça quand même...

On va tous mourir, c'est une affaire entendue. Et probablement dans la souffrance et la solitude, sans parler des joies de la sénescence. C'est horrible, je sais, je sais.. Alors vous savez quoi, moi pauvre mécréante, je me repasse la 3000ème diffusion des 'Tontons flingueurs' dialogué par Michel Audiard et j'ai la banane pendant plusieurs heures.

NIetzsche disait (à peu près) : 'Pour ne pas se tromper de philosophie, alignez dix philosophes. Si l'un d'eux rit, c'est lui le bon'.

Le RIRE ! Voilà l'antidote universel ! Michel Audiard est un génie...