Des plumes & elle
de Paul Salomone

critiqué par Blue Boy, le 12 mai 2019
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Hommage au French Cancan
Paul Salomone nous livre ici un hommage graphique et poétique aux danseuses de French Cancan qui firent au tournant du XXe siècle la renommée des cabarets de Montmartre : les Folies bergères, le Moulin rouge ou encore le Chat noir. L’auteur de l’excellente série « L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » a une attirance pour les trucs en plumes et les courbes féminines qu’ils chatouillent, et l’exprime avec une certaine sensibilité.

Cette production, il faut bien le dire, ressemble davantage à une parenthèse en dilettante qu’à un réel projet narratif. Paul Salomone s’est donc fait plaisir et il a eu raison. Le livre est agrémenté de plusieurs jolis portraits pleine page de ces danseuses dans des tenues soyeuses et froufroutantes (ou pas…). C’est presque comme si on partageait un moment d’intimité avec ces jeunes femmes, souvent dans des poses rêveuses, dans leur loge, leur chambre, ou dans les coulisses d’un théâtre… Du coup, on peut se demander s’il y avait un réel intérêt à glisser entre ces portraits une suite narrative pour donner l’impression qu’il s’agissait d’une bande dessinée. Et en fait, cela relève davantage du poème illustré, évocation du Paname des cabarets. Car oui, on peut le voir, l’auteur semble être poète à ses heures, et qui plus est, il respecte l’art de la rime. Malheureusement, il subsiste après lecture une impression de bâclage, d’inachevé, comme si le format BD entre chaque portrait avait été inséré dans la précipitation – malgré tout le talent de Salomone, ces séquences « en cases », peu fignolées, trahissent une cassure stylistique -, afin de correspondre à la ligne éditoriale (Delcourt ne publie que de la BD), alors que cela aurait pu être juste un « Beau livre ».

Quant au personnage anthropomorphe du hibou, voyeur malheureux et reclus se faisant narrateur, il n’est guère attachant. Est-ce dû à sa posture d’auto-apitoiement ? Est-ce à cause de son imper qui le fait ressembler à un pervers frustré, presque jusqu’au malaise ? Du coup, la sensibilité contenue dans les textes peine à toucher le lecteur, qui globalement reste sur sa faim. C’est dommage, et sans vouloir faire de mauvaise métaphore sur les plumes, tout cela est un peu léger.