Madame Béate et son fils
de Arthur Schnitzler

critiqué par Pucksimberg, le 6 mai 2019
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Maman et amante
Béate Heinold est veuve depuis 5 ans et se concentre désormais sur son fils de 17 ans, Hugo. Elle ne vit même que pour lui. Elle souhaite qu’il se confie à elle et semble se réaliser dans une relation quasi fusionnelle. Hugo semble amoureux et pris dans une relation amoureuse avec une femme bien plus âgée que lui. Il ne dit plus rien à sa mère, ce qui la perturbe énormément. Elle s’interroge, imagine de nombreuses choses et n’hésite pas à être intrusive. De temps en temps, des amis viennent rendre visite à Hugo. Les copains d’enfance ont grandi et sont des hommes désormais. Le destin de Béate Heinold risque d’être bousculé par ces êtres qui sont des adultes ayant des désirs et une attitude à laquelle elle n’était plus habituée …

Le lecteur suit avec précision ce personnage féminin avec ses inquiétudes, ses suppositions et sa volonté de prendre son destin en main. Elle est touchante quand on la sent dépassée par les événements. Arthur Schnitzler dépeint avec justesse les comportements de ses personnages ainsi que les relations humaines. C’est surtout un milieu bourgeois qu’il décrit d’un œil attentif. Tout ce monde souterrain est rendu à merveille par cet auteur, fin psychologue et fin observateur des hommes. Il dépeint aussi le désir et questionne sur nos sociétés. Les femmes d’une quarantaine d’années deviennent des êtres recherchés par les jeunes gens pour leur expérience dans ce roman. L’auteur lève le voile sur des attitudes qui restent habituellement dans l’ombre.

L’écriture de Schnitzler rappelle à certains égards celle de Zweig même si ce premier explore des domaines qui sont tus ou cachés, plus obscurs. Ses romans possèdent toujours certaines composantes qui pourraient légèrement déranger ou interpeller. Le désir semble gouverner certains personnages et les invite souvent à transgresser certaines conventions sociales très présentes dans cet univers. La morale est là, mais les passions la mettent à mal et l’emportent souvent. L’écrivain décrit parfaitement certains moments de crise, ces instants où tout bascule et où les vérités bruissent. Quand on lit Schnitzler, on a vraiment le sentiment qu’il parvient à capter l’indicible qui rend ses scènes très justes.