Le voyageur intemporel
de Salvatore Gucciardo

critiqué par Débézed, le 23 avril 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Ailleurs, derrière les mystères
Avant de lire ce roman fantastique, je ne connaissais que le peintre Salvatore Gucciardo qui illumine son univers avec des toiles aux couleurs flamboyantes comme des soleils de canicule ou de volcans en éruption. Je ne savais pas qu’il était aussi poète et romancier et qu’il pouvait inonder ses textes d’autant de couleurs que ses toiles. C’est en lisant ce roman fantastique que j’ai fait la découverte de l’auteur et de sa formidable imagination, de sa capacité à créer un monde nouveau au-delà de notre univers connu où les hommes rencontrent des êtres qu’ils n’ont jamais vus. Des êtres qui ne connaissent pas les grands défauts affectant trop souvent la condition humaine mais ne connaissant pas plus ce qui constitue l’humanisme : la liberté, le pardon, la pitié…

« Tout ce que fait le Grand Ouros est bon et juste. Nous devons obéir aveuglément à notre Dieu Tout Puissant !
- Que faites-vous de la liberté ?
- La liberté ?
- Oui ! la Liberté !
- Nous ne connaissons pas ce mot dans notre royaume.
- Et le pardon ?
- Le pardon ? Nous ignorons à quelle latitude il se trouve.
- Et la pitié ?
- C’est un vent qui souffle… »

Comme je ne suis pas un habitué des textes fantastiques, je me suis rapproché de mes quelques connaissances en matière de mythologie, grecque notamment, et dans ce texte j’ai trouvé quelques passerelles que Salvatore Gucciardo aurait pu emprunter pour nourrir son imagination. J’ai pensé qu’Ouros, le Grand Ouros, incarnait Ouranos le dieu des forces du ciel chez les Hellènes, que les serpents représentaient les forces chthoniennes, les forces de la fécondité et de la fertilité, comme dans la mythologie avant qu’Hésiode la clarifie. Et que tous les rituels érotiques pouvaient rappeler les cultes grecs comme les Mystères d’Eleusis, des cultes aux dieux de la fécondité et de la fertilité. Je pourrais aussi évoquer d’autres allusions qui ne sont pas sans rappeler la mythologie et son sens profond. Je suis sorti de ce livre avec l’impression que Salvatore Gucciardo voulait évoquer tous les travers inhérents à la condition humaine et nous convaincre qu’il était inutile de chercher ailleurs une meilleure condition, partout ailleurs le bien et le mal s’affrontent toujours avec violence et qu’il suffirait peut-être de conjuguer les forces ouraniennes et les forces chthoniennes pour que notre monde soit moins mauvais.

« A présent, pénètre-la lentement et savoure la profondeur de la terre et celle du cosmos. Quand tu auras atteint l’orgasme suprême, tu sentiras toutes les vibrations de l’univers ».