Midway
de Jean-Yves Delitte (Scénario), Giuseppe Baiguera (Dessin)

critiqué par Shelton, le 18 avril 2019
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Midway ? Une bataille, une bande dessinée et c'est à découvrir !
Nous ne sommes que de pauvres Français et à ce titre nous connaissons très mal l’histoire du monde. Ce n’est pas de notre faute, c’est que nous n’apprenons l’histoire qu’à travers le prisme étroit de celle de l’Hexagone… Du coup, si on nous dit bataille de Midway, nous ne savons pas trop que penser… Les plus érudits osent affirmer, du bout des lèvres, « Guerre du Pacifique » mais, là encore, sans aller beaucoup plus loin… Le mérite de cette collection « Les grandes batailles navales », dirigée par Jean-Yves Delitte, est justement de nous faire progresser, découvrir, apprendre tout en nous racontant des histoires bien humaines…

Commençons juste par une précision de taille, la bataille de Midway est un engagement aéronaval et la bande dessinée passionnera autant les amateurs de la mer que ceux des avions… C’est peut-être même plus une bande dessinée touchant à l’aéronautique car on va suivre avant tout quatre aviateurs…

Cette bataille va opposer les forces nippones et les forces américaines, au début du mois de juin 1942. A ce moment-là, le Japon a tendance à tout réussir et les chefs militaires semblent invulnérables. Le Japon pense avoir l’occasion de détruire définitivement les forces aéronavales américaines en attirant les porte-avions américains dans un piège au niveau de l’atoll de Midway… C’est du moins le plan de l’amiral Yamamoto…

En fait, tout ne se passera pas comme prévu et cette victoire américaine marquera le début de la fin pour les Japonais même si la guerre durera encore 3 ans !

Revenons-en à la bande dessinée elle-même… Dans cette collection, à chaque fois pour chaque bataille, tout en racontant le général on s’intéresse au particulier. Là, il va s’agir du destin de quatre jeunes américains originaire de Pennsylvanie. Tout commence par l’arrivée à Pearl Harbor juste après le bombardement par les Japonais. Tout est détruit ou presque et c’est le temps de l’urgence. Nos quatre jeunes pilotes donnent un coup de main avant de recevoir chacun leur affectation… Doug ira à Midway, un lieu qui semble éloigné de la guerre tandis que les trois autres iront sur le Lexington pour deux d’entre eux et à Wheeler pour le dernier… On va donc suivre au départ ce fameux Doug qui va se retrouver au cœur du piège nippon…

Ce qui m’a beaucoup plu dans cette bande dessinée, c’est le ton utilisé par Jean-Yves Delitte – le scénariste – pour raconter la guerre. Ici, il n’y a pas les gentils et les méchants, les Japonais violents et les doux Américains… Il y a des soldats pris aux pièges de la guerre, qui s’interrogent, qui souffrent et finissent par mourir pour beaucoup d’entre eux… Un bateau qui coule, un bâtiment torpillé, un avion qui s’écrase dans le Pacifique, c’est à chaque fois une souffrance humaine, une tragédie individuelle avant d’être une fête nationale ou un mythe mémoriel… Oui, la guerre c’est avant tout moche !

Le dessin de Giuseppe Baiguera avait déjà retenu mon attention dans l’album Tsushima, une autre bataille navale japonaise. Il a beau être italien, il devient spécialiste d’un genre particulier, les forces navales japonaises… Il rend très bien les combats aériens et les parties navales sont parfaites et il ne pouvait pas en être autrement dans cette collection que je suis avec beaucoup de plaisir n’étant pas un spécialiste de l’histoire maritime. Au moins, avec ces grandes batailles navales, je finis par combler certaines lacunes historiques…

Chaque bataille peut être lue séparément et donc on peut parfaitement commencer avec ce Midway de Delitte et Baiguera !