Fin de partie
de Frank Brady

critiqué par Septularisen, le 10 avril 2019
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
UNE VIE SUR SOIXANTE-QUATRE CASES D'ÉCHIQUIER.
C'est vers l'âge de 6 ans que le jeune Bobby FISCHER reçut son premier jeu d'échecs en cadeau de sa mère. Très vite, plus qu’une passion, ce jeu devient pour lui une véritable obsession ! Son ascension est dès lors foudroyante! Aidé il faut le dire par son QI de 180 et sa facilité à apprendre les langues. Très vite remarqué par des grands joueurs qui le prendront sous leur aile, il devient champion

Surdoué, l'ascension de Fischer dans le monde des échecs fut fulgurante. Imaginez-vous : Champion des EU juniors et de l'US Open à 13 ans et le statut de "maître". Il faut dire qu’il a déjà lu des centaines de livres d’échecs dans plus de six langues… Sa légende était née, plus rien ne l’arrêtera. Champion des EU à 14 ans sans perdre une seule partie, et le statut de "Grand maître" à seulement 15 ans.

Il participa à plusieurs tournois "interzonal" et sera qualifié deux fois pour le "tournoi des candidats", qui permet au vainqueur d’affronter le champion du monde en titre. Mais ses prestations sont à chaque fois décevantes. En effet l'URSS (où c’est d'ailleurs toujours le sport national...) détenait à l'époque la suprématie absolue sur les échecs. Bobby FISCHER les accusait de tricher en faisant des matchs nul "de complaisance" entre joueurs soviétiques, avec pour conséquence qu’à chaque Championnat du Monde, le challenger et le champion étaient… Soviétiques! L'URSS était donc sûre, d'une façon ou de l'autre, de conserver le titre de champion du monde.

Après un changement de règles du processus de qualification, suite aux nombreuses réclamations de Bobby FISCHER d'ailleurs et l’introduction des matchs à élimination directe, par le Pr. Max EUWE (1901-1981), président à l’époque de la Fédération Internationale des échecs (FIDE), afin d’éviter les «arrangements» entre joueurs soviétiques, Bobby FISCHER «écrase» littéralement tous ses adversaires! Pensez-vous!
Il suffit de regarder ses résultats au tournoi de qualification pour le championnat du monde : 6-0 contre Mark TAÏMANOV (1926-2016), pourtant un des plus grands joueurs russes de l'époque, puis encore 6-0 contre le Danois Bent LARSEN (1935-2010), pourtant considéré comme le meilleur joueur occidental, et 6,5-2,5 contre Tigran PETROSSIAN (1929-1984), pourtant ancien champion du monde! Il accède, enfin, au Championnat du monde à Reykjavik en Islande en 1972. A 29 ans, Bobby FISCHER voit le rêve de toute sa vie s’accomplir, en devenant champion du monde FIDE après l'abandon du tenant du titre le russe Boris SPASSKY (*1937).

Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est que pour lui c’est le début de la fin!...

Un peu échaudé par une précédente lecture sur le même sujet, qui ne m’avait pas laissé de bons souvenirs (ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/39489), j’ai commencé ce livre avec une certaine appréhension. Mal m’en a pris, puisque voici donc, enfin, une biographie exceptionnelle de Robert James «Bobby» FISCHER (1943-2008). Exceptionnelle, puisque de première main, étant donné que l'auteur a connu et découvert Bobby, en 1953 à Brooklyn, lors d'un championnat d'échecs alors que le jeune prodige n'avait que… 10 ans! Il restera son ami, et le fréquentera toute sa vie, c’est dire s’il le connaît et si il sait de quoi il parle!

Il relate de manière simple et accessible à tous, dans un langage clair et concis, la vie et le parcours de celui qui devint la première grande vedette médiatisée du monde des échecs et qui, en son temps, incarna la guerre froide entre de l'Ouest et l'Est en battant les Soviétiques (pourtant champions du monde sans discontinuer depuis 34 ans!...) en 1972, avant sa descente aux enfers…

Comme déjà dit «Fin de Partie» s’adresse à un large public. Ce n’est pas un livre d’échecs ou sur les échecs (il n’y a p. ex. aucune parte retranscrite), c’est une biographie. Nul besoin donc d’être un connaisseur des échecs, pour lire et apprécier. Je conseille toutefois, pour bien comprendre qui était vraiment le «Bobby» joueur d’échecs, de «jeter un œil» sur les biographies de ses principaux adversaires de l’époque, (en plus de ceux cités plus haut…), comme p. ex. Efim GELLER (1925-1998) ; Samuel RECHEVSKY (1911-1992) ; Victor KORTCHNOÏ (1931-2016) ; William LOMBARDY (1937-2017) ; Mikhaïl TAL (1936-1992 dont la biographie romancée est ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/53737), etc...