Les Nouvelles enquêtes de Nestor Burma - Crime dans les Marolles
de Nadine Monfils

critiqué par Nathavh, le 6 avril 2019
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Bruxelles, ma belle...
Quelle belle idée chez French Pulp Editions (dont je vous parle bientôt) d'avoir décidé de rendre vie à l'inspecteur Burma, célèbre détective créé en 1942 par Léo Mallet et incarné à l'écran par Guy Marchand.

Tiens ça tombe bien car c'est le mois belge, l'occasion de lire et de vous faire découvrir des auteurs de mon pays, et c'est Nadine Monfils qui emmène Nestor Burma à Bruxelles !

Où ça ? Au célèbre BIFFF, le festival international du film fantastique de Bruxelles, une institution, une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Je peux vous confirmer que Nadine Monfils en décrit magnifiquement l'ambiance unique et déjantée si particulière.

Mais que vient y faire l'inspecteur Burma, lui qui n'aime pas du tout s'en aller de chez lui ?
C'est simple, il accompagne son ami Guy Marchand ???????? (joli clin d'oeil) qui est président du festival.

Burma se fera aborder par la petite amie de Léo Straum et lui demandera de l'aide pour prouver l'innocence de celui-ci.e Cela fait sept ans qu'il est en prison accusé d'avoir atrocement décimé sa famille par des centaines de coups de couteaux.

Ce récit s'inspire de l'affaire Léopold Storme qui a défrayé la chronique en 2007.

Voilà, c'est plus fort que lui, Nestor veut connaître la vérité et reprend l'enquête en s'immergeant dans différents quartiers de Bruxelles, en particulier les Marolles, le coeur populaire de la ville, la place du jeu de balles, les caberdouches (entendez par là les bistrots).

En route pour une visite au coeur de la capitale. L'enquête est passionnante. Elle est écrite dans un langage parfois fleuri, non politiquement correct comme on aime. J'adore.

C'est avec une certaine nostalgie que Nadine Monfils nous parle d'une ville qu'elle aime et connaît bien. On apprend plein d'anecdotes, la culture de mon beau pays, ses peintres, ses chanteurs, son architecture, l'art nouveau, les beaux bâtiments.

Ce livre est un régal, l'auteure fidèle à elle-même utilise des expressions du cru, une langue qui sent bon Bruxelles, un peu de Brusseleir. Un joli dialecte avec des descriptions à sa façon !

pinnemoech, plattekeis, froucheler, godferdoume, kapstock, stûût,menneke n'auront plus de secret pour vous.

C'est rempli de poésie dans les descriptions et surtout la langue chante au propre comme au figuré, il y a une musicalité de la langue qui est en lien avec le titre de chaque chapitre.

Si vous voulez faire une visite hors du commun de Bruxelles, amis français, c'est vraiment topissime et amis belges, c'est savoureux comme si on y était.

A découvrir, se dévore en quelques heures avec ou sans le cornet de frites ou la gaufre de Bruxelles !

Gros coup de coeur !

Les jolies phrases

La mort a des petits souliers mal tressés, elle finit toujours par te faire tomber. Vaut mieux marcher pieds nus dans la vie, sentir la terre. On a beau vouloir se protéger, on finit toujours par trébucher.

Tout ça pour dire qu'il ne faut pas se fier aux apparences et que l'homme est à la fois ange et diable. Capable du pire comme du meilleur. Question de circonstances...

Les cons, c'est comme les microbes. Faut pas s'en approcher sinon t'es contaminé.

Que la meilleure chose pour la santé est le plaisir. Baiser, boire un coup, bien bouffer... Le tout est de ne pas exagérer. Encore que... La modération est une nonne et je n'ai pas envie de finir ma vie sur un prie-Dieu. Moi c'que j'aimerais, c'est mourir dans un hôtel de passe, en écoutant Amsterdam de Brel.

Les femmes sont mes livres d'images, pourtant je sais qu'il faut les feuilleter avec précaution. Que mouiller les pages en les tournant peut être dangereux et qu'on risque de s'empoisonner comme dans Le nom de la rose.

Ah, Francky, si tu me l'avais demandé, je t'aurais dit que les femmes sont des trompe-l'oeil et que, même avec deux paires de chez Afflelou, ce que tu vois en les regardant est un mirage.

Je crois que les geeks restent de grands ados. Il y a un truc hyperintelligent dans leur cerveau qui côtoie une caisse à jouets mal refermée.

La vraie mort, c'est quand on laisse s'éteindre la petite flamme en nous, celle qui nous donne envie de faire des choses, attise notre curiosité et protège en nous l'enfant révolté, celui qui ouvre sa gueule à bon escient et n'abandonne jamais sa liberté.

C'est ici que le coeur de Bruxelles bat. Chez ces gens que Brel adorait. Je me sens en famille, loin des faux-semblants, loin de ce monde où le fric a remplacé les vraies valeurs, celles de la générosité, de la liberté et de la tolérance.