La nuit introuvable
de Gabrielle Tuloup

critiqué par Fanou03, le 29 mars 2019
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Huit lettres
Nathan Weiss, à la mort de son père, a rompu tout lien avec sa mère Marthe. Elle ne lui a en effet jamais montré le moindre signe de tendresse. Devenu quarantenaire, expatrié en Slovénie, il se voit obliger de reprendre contact avec sa génitrice quand il apprend que celle-ci est atteinte de la maladie d’Alzheimer. À chacune de ses visites il est convenu qu’une lettre lui est laissée qui lui permettra petit peu à petit peu de découvrir le passé de sa mère.

La question des secrets de famille, enfouis tout au fond de la mémoire de cette vieille dame qui est en train de la perdre, sa mémoire, est au cœur du roman. Les huit lettres écrites par Marthe à ce fils pour lequel elle n’a jamais montré d’amour, forment autant de chapitres et d’étapes vers la vérité. Elles viennent s’intercaler dans la narration de Nathan, que l’on voit tour à tour méfiant envers cette mère et désemparé face à son inéducable déliquescence physique et psychique.

Le roman est bien construit, bien écrit, sensible (certains passages sur Marthe, notamment à la fin du livre, sont magnifiques), mais trop pudique ou policé, pour moi en tout cas, peut-être ? Les émotions, et en particulier celles du narrateur, tout en retenue, effleurent peu ou à peine en effet de la surface du récit. J’ai eu ainsi l’impression que Nathan Weiss était parfois un simple spectateur, tandis que sa vie en Slovénie n’était qu’un artifice narratif, l’éloignement géographique faisant écho à l’éloignement affectif. Ayant de plus ressenti assez peu d’empathie pour les personnages, je ne suis pas parvenu hélas tout à fait à rentrer dans la nuit introuvable, et je le déplore.