L'espace d'un an
de Becky Chambers

critiqué par Malic, le 27 mars 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Les tunneliers de l'espace
Arrivée en navette, la jeune Rosemary embarque en plein ciel sur le Voyageur pour y prendre le poste de greffière pour lequel elle a été recrutée. Le Voyageur est un vaisseau perceur de tunnels, dont la fonction consiste à ouvrir des passages afin de rendre accessibles de nouvelles zones de l’espace.

« L’espace d’un an » est un space opéra plutôt atypique, quasi intimiste, presque toute l’histoire se déroulant à l’intérieur du vaisseau, ce qui n’empêche pas de nombreuses péripéties. Un des grands mérites de l’auteur c’est de parvenir à rendre crédibles et attachantes les créatures extraterrestres qui côtoient les humains dans l’équipage. Malgré des différences qui vont bien au-delà des couleurs de peau – six pieds pour l’une, des plumes ou des écailles pour d’autres - elles finissent par apparaître familières au lecteur, qui voit en elles avant tout des êtres intelligents avec leurs sentiments et leurs problèmes. Roman que certains on qualifié de « feel good », dans lequel on trouve très peu de méchants. Certes les Quélins (des espèces de homards géants) sont très désagréables, mais c’est surtout qu’ils sont bornés.

L’auteur joue aussi bien sur le dépaysement du lecteur (SF oblige) que sur les situations dans lesquelles on est en pays connu : les rapports de travail, les sentiments, Jalousie, amitié, amour. y compris l’amour inter espèces. On a même droit à un début de romance entre un humain et une machine d’intelligence artificielle qui pourtant ne ressemble à rien d'autre qu'à une machine.

Les néologismes inévitables en raison du déroulement dans le futur et des avancées technologiques, sont bien trouvés et rapidement assimilables.

Un roman intelligent et plutôt bien écrit, qui se lit très facilement et dans lequel on se sent bien.
SF feel good 8 étoiles

Sur la foi d’un prix Hugo obtenu par l’auteur pour ce livre, je l’ai acheté. C’est ainsi que j’ai découvert un nouveau genre de SF, plein de bons sentiments et de positivité, où tout le monde rit et est de bonne humeur la plupart du temps, malgré les épreuves de la vie. Ça doit faire partie de ce qui s’appelle le « feel good ». L’auteur aura donc tenté là un nouveau genre, qui mélange SF et feel good.

C’est ma foi, plutôt réussi. On se prend à avoir de la sympathie pour ce roman et les personnages qui s’y agitent. A travers eux, l’auteur célèbre les valeurs humanistes de l’amitié, de l’amour, de l’accueil, de la tolérance, du courage, de la solidarité, de l’entraide, et surtout du respect de l’autre et de la différence. Un space opéra humaniste, qui met en scène un vaisseau spatial conduit par un équipage composé d’humains et de plusieurs sortes d’extraterrestres, qui vivent entre eux en parfait harmonie, où amitié et amour font bon ménage. Au fil de leurs aventures, ils tentent de mettre en avant la tolérance et la coopération plutôt que la confrontation et l’exclusion, et surmontant les épreuves et dangers inhérents à la vie spatiale.

Un œuvre finalement plus profonde et intéressante que ne le laisse présager d'abord la forme plutôt nunuche du style, qui se laisse de fait facilement et rapidement lire.

Cédelor - Paris - 52 ans - 20 mai 2021