Un amour de psy
de Anne Duvivier

critiqué par Débézed, le 25 mars 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Filiation occulte
Angelo est psychologue à Bruxelles, psy comme disent ses patientes, pour certaines plutôt ses clientes, il a une belle clientèle, surtout féminine, et mène une vie apparemment sans histoire particulière avec sa femme Hannah galeriste aux Sablons, le quartier des artistes de la capitale belges. Immergé au milieu d’une société presqu’exclusivement féminine, il n’est pas aussi serin qu’il pourrait le paraître. « Il vit, ou plutôt survit, au milieu des femmes, … Hannah, sa mère, Pascale, ses patientes - … - et, …, cette pétroleuse de Géraldine qui a pris ses quartiers. Pour ce qui est de Béa ; il refuse de la mettre dans le lot ». Tout a fini par basculer quand sa femme lui annonce qu’elle veut se’ mettre en couple avec une autre femme, une artiste à l’esprit large comme elle. Hannah et Angelo ont toujours été assez libres dans leurs rapports et ne conçoivent pas le mariage comme une prison mais là le choc est brutal.

Suivant les conseils d’une patiente, il finit par céder aux avances d’une autre plus jeune, plus aguichante, plus entreprenante, avec laquelle il élabore une relation sous les yeux de sa fille qui voit sa mère et son père se séparer et partir dans des aventures aléatoires, la mère avec une autre femme, le père avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Anne Duvivier pose ainsi le problème du couple non pas tellement pour montrer sa fragilité et son éventuelle éphémérité mais surtout pour évoquer les conséquences collatérales car un couple a souvent des enfants et quand il n’y a pas une maman et un papa tout devient plus compliqué.

Angelo a accepté d’épouser Hannah alors qu’elle était enceinte de Pascale, Pascale qui a désormais des enfants dont le papa est parti… et le problème ne s’arrête pas là, d’autres révélations risquent encore de bousculer la vie de ce couple en voie de dissolution avec enfant, petits-enfants, mère, amantes, amies et amis et quelques patientes bien intentionnées mais peut-être pas aussi innocentes qu’elles essaient de le paraître.

Avec ce roman, Anne Duvivier plonge en pleine actualité sur la maternité, la paternité et la procréation qui agite bien des institutions, des philosophes, des médecins et de très nombreux anonymes qui voudraient vivre autrement, même avec des enfants, et d’autres, aussi nombreux, qui ne comprennent pas cette frénésie à vouloir procréer hors du cadre traditionnel formé par la mère et le père. Elle ne dramatise jamais le sujet, elle le traite avec un certain humour et je la soupçonne d’avoir choisi un psy avec une certaine ironie, comme pour se moquer gentiment de ses femmes qui ne peuvent pas vivre sans leur gourou. Mais, même en le traitant avec une certaine dérision, le problème est bien posé et les réponses ne sont pas évidentes à formuler. Il faudrait commencer par soulever les tapis pour évacuer toute la poussière accumulée dessous depuis quelques générations au moins.