Derrière l'envers du décor
de Joaquim Cauqueraumont, Gwen Guégan (Dessin)

critiqué par Débézed, le 13 mars 2019
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Juste quelques mots
Selon la fiche de présentation, « Joaquim Cauqueraumont est une éponge, un écouteur, une saison climatique en Bretagne ». Pour son éditeur « C’est un explorateur qui vit en permanence dans la quête d’une illumination, dans la recherche de ce qui va pouvoir l’enrichir émotionnellement, intellectuellement, spirituellement ». Pour le lecteur c’est un artiste des mots, de la formule, un expert en aphorisme. L’aphorisme c’est difficile à définir, chaque auteur ayant sa propre définition, dans son préambule à ce recueil, Joaquim précise la sienne ou plutôt esquive la question par une pirouette ne manquant pourtant pas de bon sens : « Un aphorisme ne s’explique pas, il va de soi… si il est bon ». Et ceux de Joaquim le sont, bons ! Il peut s’agir :

- d’une allusion métaphorique condensée :
« L’aphorisme est l’hématome produit par un coup de pensée ».

- d’une tentative de définition imagée comme cette allusion à l’œuvre de Sternberg :
« Chaque ligne était un paragraphe, chaque paragraphe, une histoire courte ».

- d’une envie réprimée en quelques mots seulement :
« J’ai des nuages d’insolence aux bords des lèvres ».

- d’une réflexion surréaliste lapidaire :
« Je n’ai rien à dire et je l’écris ».

- d’un conseil pertinent en moins de dix mots :
« Abusez des mots, personne ne s’en plaindra ».

L’auteur poursuit ainsi ne dédaignant pas le clin d’œil, souvent ironique, même perfide parfois, le jeu de mots, le calembour, la fulgurance, …, provoquant l’émotion, le fou rire, l’admiration, l’enchantement… Et pour que certains aphorismes percutent bien leur cible, il s’est adjoint le talent d’une illustratrice, Gwen Guégan, qui prolonge les mots par quelques traits très épurés, tout aussi éloquents que ses aphorismes. Usant ainsi d‘une forme d’expression plus visuelle où les mots s’enchainent aux traits du dessin pour se fondre en une nouvelle forme d’écriture.

C’est le premier recueil de Joaquim, pour un essai c’est un joli coup, j’ai puisé dans ce premier ensemble de textes ultra courts quelques conseils que je mettrai rapidement en application : « Je ne veux pas payer le vent avec mon souffle », je le garderai pour courir jusques chez le libraire acheter son prochain recueil et ainsi pouvoir « Aimer le mot jusqu’à l’aphorisme ».