Le discours
de Fabrice Caro

critiqué par Marvic, le 12 mars 2019
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Le repas de famille
Adrien assiste plus qu’il ne participe au traditionnel repas familial. Tout est réglé, presque orchestré entre Sophie sa sœur, Ludo son futur beau-frère, son père et ses "Je me souviens", sa mère et son gigot-gratin dauphinois-gâteau yaourt et son remède miracle, le jus d’orange.
Quelques mots de Ludo vont semer la panique chez Adrien ; le souhait que ce dernier prononce le discours pour leur mariage dans quelques semaines.
Adrien n’en a non seulement aucune envie, mais en plus, ce n’est vraiment pas le bon moment !
Son amie Sonia l’a quitté pour "faire une pause" il y a 38 jours. Et il vient juste d’oser envoyer, à 17h24, un sms dont il attend une réponse qui n’est toujours pas arrivée à 17h56.
A-t-il écrit les bons mots, aurait-il dû mettre un point d’interrogation plutôt qu’un point d’exclamation...

Mais Adrien ne sait pas dire non, ne sait pas s’imposer ;
"Dans les repas de famille, par ma faute, nous avons toujours été un nombre impair à table. Je suis celui qui ne vient pas par deux, je ne suis qu’une moitié d’entité…. Voilà : j’ai toujours été un impair."
Il échafaude alors tous les plans possibles pour échapper à ce discours, voire à ce mariage, élaborant des discours aussi délirants que saugrenus.

Je connaissais Fabcaro et ses célèbres BD mais pas le romancier Fabrice Caro. Je suis aussi séduite par l’un que par l’autre. j’y ai retrouvé un humour irrésistible (et pas seulement dans l’épisode hilarant de la chenille), avec toujours une certaine distance, de la tendresse, de l’émotion.
Une observation des relations familiales d’une grande justesse, mêlant ennui et tendresse, la famille comme un mal nécessaire mais indispensable, le socle immuable de l’existence.
Adrien est un homme mal dans sa peau, introverti, mais que son auteur est drôle !
Finalement assez juste... 8 étoiles

Je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été écrit sur ce roman. Effectivement, il se lit très vite, mais reste bien écrit et finalement assez juste dans les méandres cérébraux du personnages. Quelques passages font mouche, et l'ensemble est un éloge de la fragilité, de la faille, de l'humanité.

Cecezi - Bourg-en-Bresse - 43 ans - 25 octobre 2022


Machine à fous rires 8 étoiles

Plus connu comme auteur de bande dessinée sous le pseudo de Fabcaro, Fabrice Caro a tenté avec « Le Discours » sa deuxième incursion dans le roman. Certains pourront tiquer par rapport au style relâché, mais on ne va pas non plus demander à l’auteur d’écrire comme Balzac. Et quand on connaît sa production en tant que bédéaste, on est content de retrouver l’auteur de « Zaï Zaï Zaï Zaï » qui montre qu’en passant au genre « littéraire », il ne se prend pas davantage au sérieux.

Cela reste donc du pur Fabcaro, aussi drôle et décalé que ce qu’on connaît, sur un ton qui est à la fois celui du loseur j’men-foutiste et névrosé. Ce type a décidément le sens de la formule. Faites juste un test. Forcez-vous à garder votre sérieux le plus longtemps possible… vous verrez que vous ne tiendrez pas bien longtemps, tant ce mec a la punchline facile, conjuguée à des questionnements s’aventurant dans les dédales les plus inattendus, les plus loufoques, non exempt de mauvais foi, ce qui est totalement assumé de la part de Caro. Car si ces questionnements sont dominés par l’émotion et le dépit d’avoir perdu un amour qu’on croyait éternel, cela ne fait que nous rendre le personnage plus proche.

En résumé, ce récit à la première personne, dont on imagine que le narrateur est un peu le double de l’auteur, nous touche avec son humour de « loser », entre candeur et cynisme, oscillant entre Calimero et Woody Allen. Ce n’est certes pas le roman du siècle, mais cela suffit à nous faire passer un bon moment, le premier argument étant que le rire est bon pour la santé. A ce titre, « Le Discours » mériterait sans doute d’être remboursé par la sécu.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 3 juillet 2021


Seul en famille 8 étoiles

Devoir écrire un discours à l'occasion du mariage de sa sœur, ce n'est pas insurmontable. Oui mais voilà, le narrateur n'y tient pas du tout mais n'arrive pas à se débarrasser de cette charge.

C'est l'occasion d'entrer dans l'intimité de cette famille où l'on se rencontre autour d'une table, où l'on s'aime certainement mais où l'auteur se sent seul, incompris, complètement décalé.

Comme un étranger. Ce sentiment que l'on peut ressentir dans sa propre famille lorsque personne ne connaît sa vie privée, ses aspirations et ses problèmes. La mère qui balaie l'état dépressif de son fils en lui conseillant de boire un jus d'orange, le beau-frère qui parle constamment, peut-être, même sûrement pour se mettre en valeur, la sœur qui croit connaître son frère en lui offrant toujours des encyclopédies. Et le narrateur, complètement indifférent à son entourage,

L'auteur cite Annie Arnaux. Est-ce un hasard ? Car Le Discours me renvoie en effet directement à La Place d'Annie Ernaux.

Le ton du livre est humoristique mais il cache une profonde tristesse et une grande solitude.

Un livre facile à lire ? Oui de par son style, non en ce qu'il traduit la solitude au sein d'une famille, ce sentiment qu'on peut avoir quand les différences sont trop grandes.

Odile93 - Epinay sur Seine - 69 ans - 2 mars 2021


Génial et drôlissime antihéros 9 étoiles

Ce roman est réellement jubilatoire, tout comme le sont les BD du même auteur ("Formica", ou alors la très jubilatoire et hilarante BD "Zaï Zaï Zaï Zaï" pour ne citer que celles-ci, mais la liste est encore longue), et comme l'indique la 4ème de couverture du livre sorti récemment en poche : "si vous n'éclatez pas de rire dès le premier chapitre, on ne peut rien pour vous"
Humour décalé, terrible analyse des relations familiales, tour à tour drôle, acerbe, cynique.
Bref, un pur régal et un vrai divertissement qu'il faut absolument offrir, lire, et/ou relire !

Didoumelie - - 51 ans - 6 décembre 2020


Un discours un peu fade 5 étoiles

Au départ, on s’attable avec les personnages, gourmands. Le sujet, le discours (de mariage), est rempli de promesses : il permet d’explorer les souvenirs, les relations amoureuses, fraternelles, maternelles, paternelles, les qualités et défauts humains... Je me suis reconnue dans le souvenir du cours de sport à l'école où personne ne veut choisir Adrien dans son équipe parce qu'il joue trop mal. J'ai souri à l'évocation de son anniversaire de 30 ans passé devant « Le gendarme de Saint-Tropez » chez ses parents suite à une rupture amoureuse. Cette scène rappelle « Haute fidélité » de Nick Hornby quand le héros se retrouve au cinéma avec ses parents un dimanche, complètement déprimé. On pense aussi à toutes les histoires de huis-clos autour d’un repas comme « Festen » ou le « Prénom », mais là où les uns ont réussi à faire prendre la mayonnaise, Fabrice Caro a beau mélanger les ingrédients, rien ne se produit vraiment…

Beluga - Wezembeek Oppem - 58 ans - 30 octobre 2020