L'Arbre-Monde de Richard Powers

L'Arbre-Monde de Richard Powers
(The Overstory)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Ludmilla, le 18 mars 2019 (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 68 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 831ème position).
Visites : 4 495 

Un des meilleurs livres de Richard Powers

Thème principal : l’arbre ou plutôt les arbres et la communication entre eux – ce qui rappelle « la vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben, mais il s’agit ici d’un roman.

Un livre divisé en 4 parties – comme un arbre :
- Racines
- Tronc
- Cime
- Graines

Racines
Un tiers du livre (équivalent au volume des racines d’un arbre)
8 histoires séparées, qui n’ont encore aucun lien entre elles.
8 histoires ayant un lien avec un ou des arbres, chacune d’entre elles pouvant presque être une nouvelle à elle seule.

Le tronc réunit la plupart des personnages – mais pas tous, ce que j’ai regretté.

Des essais de sauvegarde d’arbres, de lutte -jusqu’à l’écoterrorisme- contre les coupes d’arbres millénaires (dont des sequoias) pour les remplacer – parfois- contre des espèces dont la (seule ?) qualité est la pousse rapide pour être rentable.
Malheureusement, ce combat est désespéré : au mieux, la destruction des forêts est ralentie, mais pas stoppée.

Un des meilleurs livres de Richard Powers après « Le temps où nous chantions »
Un livre pessimiste mais hélas réaliste – les hommes sont en train de détruire les forêts.
La situation globale est catastrophique et terrifiante.
La fin du livre où Richard Powers introduit une tentative d’optimisme via l’informatique ne m’a pas convaincue.

Un conseil : Ne lisez pas ce livre sur une trop longue période sous peine de ne plus savoir qui est qui.


« Le monde comptait six billions d'arbres quand les humains sont apparus. Il en reste la moitié. Dont la moitié encore aura disparu dans cent ans. »

« Le juge demande: " Des arbres jeunes, droits, à croissance rapide ne valent pas mieux que de vieux arbres pourrissants?
- Pour nous, oui. Mais pas pour la forêt. A vrai dire, de jeunes plantations contrôlées et homogènes ne méritent même pas le nom de forêts." »

« on peut remplacer les forêts par des plantations. De même qu’on peut réarranger la Neuvième de Beethoven pour kazoo solo »

« Les forêts d’ici sont les plus riches collections de biomasse au monde. Les rivières des vieilles forêts renferment cinq à dix fois plus de poisson. Les gens pourraient gagner plus d’argent à pêcher du poisson, cueillir des champignons et récolter d’autres nutriments qu’en effectuant des coupes claires tous les demi-siècles »

« Il serait vain de répondre que les rivières et les forêts ne peuvent pas avoir un statut légal sous prétexte qu'elles ne peuvent pas s'exprimer. Les entreprises non plus ne peuvent pas s'exprimer ; pas plus que les États, les personnes morales, les nourrissons, les incompétents, les municipalités ou les universités. Ce sont des avocats qui s'expriment pour eux.

« J’ai crapahuté des milliers de kilomètres, à planter des semis dans le sol, à essayer de repousser le progrès, rien qu’un peu. Et d’un seul coup j’apprends que tout ce que j’ai fait, c’est donner à des salopards les bons points nécessaires pour couper plus d’arbres adultes »

« faire du fric sur le moindre bout de bois vendable encore en réserve. En l’occurrence, beaucoup d’arbres vieux de sept ou huit siècles. »

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Magnifique élan de générosité envers le vivant

10 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 2 janvier 2022

L’auteur nous montre sur la durée plusieurs destins de personnages, de différentes origines et conditions sociales, et leurs relations aux arbres. Certains se rencontreront et mèneront des actions pacifistes ou violentes, d’autres s’engageront dans la compréhension de ce qui va disparaître, quelques-uns s’émerveillent, tentent de créer une prise de conscience par l’art, l’exemple du sacrifice ou de faire inventer des solutions possibles.

Un récit formidable, manifestement documenté, alliant réalisme et espoir.

L’année 2022 commence très bien avec cette lecture intense à tous points de vue ;-)

Citation : "Les meilleurs arguments du monde ne feront jamais changer d'avis. Pour ça, ce qu'il faut, c'est une bonne histoire."

IF-0122-5196

La voix des arbres

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans) - 13 décembre 2020

Ce roman est extrêmement dense et volumineux, il demande une certaine persévérance pour en suivre les ramifications. En fait c'est un livre qu'il faut lire deux fois, ou alors revenir souvent en arrière pour se remémorer qui est qui, et retrouver le fil.

Le roman est donc très habilement construit mais il faut s'accrocher pour ne pas être largué. La trame du livre est la suivante : l'auteur nous raconte l'histoire de quelques personnages, chacun à leur tour, dans un premier temps. D'une manière ou d'une autre ces personnages sont liés aux arbres ou vont être appelé à les défendre. Dans la suite, les personnages vont se rejoindre, parfois indirectement, comme les racines des arbres dans une forêt.

Ca fait déjà un solide roman et souvent passionnant. Mais le personnage principal et pour moi le plus grand intérêt de ce roman foisonnant c'est l'arbre. Le livre est truffé d'anecdotes, de renseignements, de faits sur les arbres et sur les forêts. On apprend sur les châtaigniers (qui ont disparu d'Amérique suite à un parasite), les trembles, les séquoias géants et les activistes qui tentent de les protéger, et bien d'autres. On sait déjà grâce au forestier allemand que les arbres se parlent entre eux via les racines et via des substances qu'ils émettent, mais c'est super intéressant de le lire via des personnages de romans, c'est beaucoup plus parlant. En fait les arbres parlent entre eux mais ils nous parlent aussi.

Un fait marquant et qui illustre la catastrophe qui est en train d'advenir : un personnage du livre rapporte la vie de l'univers à une journée. Dans cette journée, l'homme apparait tout à la fin de la journée et il ne lui faut que quelques secondes pour tuer les autres espèces et saccager tout. La seule chose qu'on peut encore espérer c'est que la planète se débarrasse des hommes, car pour les hommes il faut toujours plus (toujours plus de coupes à blanc, toujours plus exploiter les arbres et les forêts) et on ne peut être que très pessimiste sur l'avenir.

Seul bémol dans ce roman très puissant, je n'ai pas adhéré à la thématique sur le monde virtuel ou plutôt je n'ai pas compris où il voulait en venir. J'ai d'ailleurs relu le dernier chapitre plusieurs fois mais il m'est resté hermétique. Par contre le sort de Ray (l'avocat) ainsi que d'autres personnages m'a profondément ému, et bien sur tout ce qui concerne les arbres m'a plu. Un livre que je relirai, mais avant je vais lire le récit de cette femme qui a occupé un séquoia pendant deux ans pour le sauver des bûcherons !

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