Le bonheur plus fort que l'oubli
de Colette Roumanoff

critiqué par Marvic, le 14 février 2019
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Les buvards roses
Colette et Daniel forment un couple très uni, épanoui, des vies professionnelles, personnelles, et familiales avec leur quatre enfants, très heureuses, partageant leur temps entre Paris et la Provence.
En 2003, inquiets par les troubles de mémoire de Daniel, ils prennent rendez-vous avec des neurologues.
Le verdict tombe en 2006. Daniel a un "début d’Alzheimer". Le choc.
Mais aussi, l’explication des faits et gestes étranges de Daniel depuis quelques mois ; faits et gestes mis sur le compte de son manque d'intérêt pour les nouvelles technologies, ou à son mauvais sommeil.

La décision de Colette est immédiate : "J’ai dix ans de bonheur devant moi si je sais aller les chercher", appliquant les principes des maîtres indiens de son mari.
Exemplaire de patience et d’amour, elle va aménager leur nouvelle vie, réaliser les adaptations nécessaires permanentes face à l’évolution de la maladie, avec ses hauts et ses bas, pour continuer à échanger avec son mari, pour le plaisir de voir dans ses yeux sa reconnaissance, son bonheur.
"Comme le cerveau a perdu ses capacités d’adaptation, c’est l’environnement qui doit être adapté pour que la vie redevienne fluide."

Mais Colette ne cache pas non plus les crises d’angoisse, ou les moments de folie de Daniel, dont elle essaie toujours de trouver l’origine, constipation, rage de dents, manque de sommeil...
Ces moments difficiles où, après une hospitalisation inhumaine, il ne sait plus le nom de sa femme.

Colette n’a pas écrit "sur" la maladie d’Alzheimer. Elle a écrit SON expérience, livré ses souvenirs mais aussi ses conseils pour le bonheur des patients et des aidants.
"Il est très important d’expliquer ce processus du fonctionnement cérébral pour que tout le monde comprenne bien qu’en aucun cas le patient Alzheimer ne fait exprès de ne pas voir ou de ne pas reconnaître quelque chose. ...c’est un processus cérébral qui se trouve empêché."

Certains de ses conseils sont empruntés à Françoise Dolto, extraits de " Les étapes majeures de l’enfance". "Il suffit de remplacer "parent" par "aidant" et "enfant" par "patient" pour éclairer les situations au quotidien."
Et quelques propositions pour les aidants, pour leur éviter l’épuisement, comme le slow fooding ,le slow aiding ; 7 conseils qui m’ont semblé pertinents.
Et le plus important de tous : toujours respecter l’autre.

"Les buvards roses.. ils absorbaient l’excès d’encre qui risquait de dégouliner,... ils gardaient dans un joli désordre des bribes de mots et de taches d’encre mêlées."

Un article dans une revue présentait un livre que j’ai eu aussitôt envie de découvrir  "L’homme qui tartinait une éponge". Indisponible, j’ai donc emprunté celui-ci écrit de la même auteure.
Beaucoup d’émotion pendant la lecture de ce témoignage, car si ma maman n’en est "qu’au stade 4", j’ai déjà partagé certaines expériences.
Mais surtout, je vais garder (suivre et partager) précieusement ses conseils : garder toujours sa bonne humeur, son empathie, sa patience, ne pas essayer de lui faire retrouver des souvenirs qu’elle n’a plus, profiter avec elle des moments présents, appliquer (essayer) comme l’auteure les principes de la méditation pour traverser le plus sereinement possible les années à venir.
Merci Madame Roumanoff