Les dieux criminels
de Antoine Fleyfel

critiqué par Colen8, le 11 février 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Quand la religion dicte la politique
Religion, laïcité et démocratie ne sont pas toujours compatibles. C’est ce que montre l’analyse de trois mouvements fondamentalistes issus des religions abrahamiques faite par un jeune philosophe et théologien franco-libanais connaisseur par conséquent de la région dont il esquisse les origines plus anciennes qu’on ne pense. Leurs doctrines établies selon des théologies inclusives sans aucune exégèse critique, leurs fondements et leurs déclinaisons en multiples variantes ont en commun une forme plus ou moins radicale de haine et de violence.
1. L’évangélisme sioniste, héritage chrétien des Pères Fondateurs américains, majoritairement pratiqué par les républicains des états sudistes dits de la Bible Belt, affiche un soutien inconditionnel au peuple juif, dont le retour en terre sacrée d’Israël est rapproché d’une prophétie du texte biblique. Ce retour verra l’avènement d’une paix millénaire voulue par le Christ après avoir amené la conversion des juifs au christianisme et vu s’accomplir la rédemption de l’humanité.
2. Le sionisme religieux a eu des origines lointaines avant d’être défini par Herzl en 1896. Laïque dans ses débuts au point d’être fortement contesté par l’orthodoxie rabbinique le sionisme devenu religieux revendique la propriété divine des terres s’étendant entre le Nil et l’Euphrate. Il voit une bénédiction du ciel dans les victoires successives d’Israël contre ses voisins arabes, d’où ressort l’obligation de coloniser des territoires (re)conquis, sans frontière ni en Cisjordanie pas plus qu’en Jordanie, Syrie et une partie de l’Egypte.
3. Le salafisme théorisé peu de temps après la disparition du Prophète est devenu djihadiste à partir de l’occupation des pays musulmans et de la colonisation de certains d’entre eux par les puissances européennes. Le djihad, à vocation universaliste, massivement soutenu idéologiquement par le wahhabisme saoudien et financièrement par la manne pétrolière, appelle à la guerre sainte contre les mécréants vivant en dehors de la Charia. Ciblant aussi ceux des musulmans qui ne seraient pas soumis à cette seule règle de droit et de justice, il s’exerce partout et prioritairement à l’encontre des pays occidentaux. Al-Quaïda, Al-Nosra, Daech en sont les représentants les plus extrêmes.
Nombreuses sont les objections que ces mouvements n’ont cessé de susciter parmi les instances religieuses elles-mêmes, mais aussi chez les philosophes, les historiens, les archéologues et les dirigeants politiques. D’ailleurs preuves à l’appui ils sont considérés selon les cas comme des inventions, des falsifications, des fantasmes, des mythologies. L’ignorance à leur sujet ne peut que les servir. Sans polémique, mais de façon tout à fait claire, précise et structurée cette analyse aide à comprendre le chaos politico-religieux du Moyen Orient qui s’en nourrit depuis des décennies et les menaces qui pèsent sur les régimes démocratiques du fait de la détermination des forces en présences et de leur puissance militaire.