Un loup pour l'homme
de Brigitte Giraud

critiqué par Papyrus, le 2 février 2019
(Montperreux - 64 ans)


La note:  étoiles
Algérie, cette guerre qui n'était pas la nôtre...
Moi qui suis née en 1960, alors que mon père faisait partie lui aussi de ces "appelés" pour l'Algérie, je me pose beaucoup de questions (qui resteront sans doute sans réponse) sur la manière dont cela a impacté la vie de mes parents séparés à ma naissance, comme ce fut le cas pour la vie de couple d'Antoine et Lila, les héros de ce roman.
J'ai beaucoup aimé ce récit, simple, fluide, qui m'a permis de découvrir à travers les yeux d'Antoine et de quelques autres protagonistes, ce que mon propre père a dû lui aussi découvrir à son arrivée à Alger et dont il nous a finalement très peu parlé, comme si cet épisode était à oublier au plus vite, un tabou exotique qui n'avait pas tout à fait droit de cité. Cette lecture est un excellent complément à celle de "L'art de perdre" que j'ai dévoré juste avant et qui donne un point de vue différent, celui d'un harki par la bouche de sa petite fille, sur les mêmes lieux et les mêmes événements.
L'écriture de Brigitte Giraud est sans doute plus légère et distancée que celle d'Alice Zeniter, intense et émotionnelle, mais elle est très agréable à lire. Je recommande la lecture de ces deux opus à tous ceux qui comme moi, ont envie de comprendre le guerre d'Algérie au travers de témoignages au plus près du terrain et des hommes simples, plongés malgré eux dans un conflit qui les dépasse et les marquera à jamais. A tous ceux qui veulent comprendre une histoire que la France n'a pas encore vraiment fait rentrer dans l'Histoire, rechignant à rouvrir des dossiers enfouis qu'elle préfère oublier, et probablement pour cause...