Une fille facile
de Louise O'Neill

critiqué par Reginalda, le 12 janvier 2019
(lyon - 57 ans)


La note:  étoiles
Un livre très subtil sur un sujet poignant
Emma est la plus jolie fille de Ballinatoom, et tous, garçons comme filles, ne savent que faire pour lui complaire. Or un matin, après une fête à laquelle elle avait assisté avec l’intention de séduire la vedette de l’équipe de foot locale, ses parents la retrouvent inconsciente sur le seuil de leur porte. Emma ne se souvient de rien, mais des vidéos circulent bientôt, donnant à penser qu’elle a été violée alors qu’elle était inconsciente et droguée. Mise au ban de sa classe, Emma commence par minimiser, nier, avant de porter plainte. L’enfer ne fait alors que commencer.
En dépit de quelques maladresses de traduction, c’est un livre absolument remarquable, porté par un souffle et une énergie qui emportent le lecteur. Louise O’Neill a su éviter tous les écueils, pourtant nombreux avec un sujet de ce genre : jamais elle ne tombe dans la caricature ou le manichéisme, qui auraient consisté à présenter les personnages comme des êtres exceptionnels. Ce sont au contraire des créatures tristement banales aux prises avec une situation qui déchaîne des passions dont personne ne veut.
La victime – Emma – est tout sauf sympathique avant le viol, tout sauf courageuse après et l’auteur nous montre avec brio, mais sans porter de jugement, une personnalité qui s’effondre, piégée et incapable de trouver une issue dans le bourbier où elle a été précipitée. Les questions ainsi soulevées sont innombrables et toutes importantes, sur la responsabilité des uns et des autres dans ce genre de situation, sur le rôle des impératifs sociaux et du comportement attendu des femmes dans les sociétés occidentales modernes. Un gros coup de cœur.