Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent
de Adèle Faber, Elaine Mazlish

critiqué par Elya, le 3 janvier 2019
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Livre de chevet pour parents
Dans les étals des librairies ordinaires, au rayon des essais et documents, se sont sans doute les livres de développement personnel qui occupent la première place. Viennent probablement ensuite les livres sur la "parentalité", si possible qualifiée de "bienveillante", "non violente". Parmi tous ces livres, un de loin remporte selon moi la palme du livre de chevet pour tout parent, à ouvrir autant de fois dans une vie qu'un dictionnaire : il s'agit de ce livre de Faber et Mazlish. Ces deux auteures s'appuient sur leur propre expérience de maman et d'animatrice d'ateliers pour améliorer les relations parents-enfants (ou adultes-enfants). Aucune référence envers des travaux scientifiques est associée, ce qui contrairement à d'habitude ne m'a pas empêché tout de même d'adhérer. Idéalement, une confrontation avec les données actuelles en communication et développement de l'enfant serait bien sûr intéressante pour étayer un peu plus les expériences des deux auteures.

L'objectif des deux auteures et de délivrer aux parents (et plus généralement, à toute personne en interaction avec des enfants, de disons 2 à 20 ans - et même pour les adultes) des conseils, astuces, méthodes, bref, des petits trucs, pour améliorer voir éviter les relations conflictuelles avec les enfants. Malgré toute notre bonne volonté de parents, malgré nos idéaux éducatifs qui souvent se déconstruisent au fur et à mesure que grandit l'enfant, il y a des moments où la fatigue, la lassitude, l'agacement prennent le dessus. C'est justement pour limiter ou améliorer le vécu de ces moments là que les auteurs dispensent leurs conseils, avec un effet kiss cool : les parents mais aussi les enfants se sentent mieux.

Après une introduction bienvenue présentant le contexte d'écriture de l'ouvrage, le corps principal du livre est composé en chapitres traitant des thématiques suivantes :
- accueillir la colère, la frustration, la déception de l'enfant ;
- exprimer sa colère sans blesser ;
- susciter le désir de coopérer chez l'enfant ;
- mettre des limites fermes tout en maintenant un climat d'ouverture ;
- utiliser des alternatives à la punition ;
- résoudre les conflits familiaux dans le calme.
Chaque chapitre est organisé de façon très pédagogique, avec des exercices, des exemples de situations réelles ou fictives, répétées à la fois sous forme de textes et bande-dessinée, des témoignages de parents ayant rencontré des difficultés ou au contraire ayant réussi à mettre en application les astuces délivrées. À chaque fois des contre-exemples explicitant les attitudes non optimales souvent adoptées sont décrites et rappelleront à coup sûr à tout parent des scènes déjà vécues.
Le propos est clairement déculpabilisant. L'idée n'est pas d'adopter une attitude de parent parfaite en toute circonstance, sans jamais commettre d'impairs. Les auteurs expliquent aussi qu'il est tout à fait compréhensible (et même bénéfique) d'exprimer en tant que parent notre agacement, notre lassitude ; bien qu'il y ait des façons plus optimales que d'autres de le faire selon elles.

J'ai lu en entier cet ouvrage au moins deux fois, et l'ai lu par petit bouts en fonction de situations rencontrées avec mon fils de bientôt 3 ans un nombre assez incalculable de fois. Plus que des méthodes à appliquer mot pour mot, il s'agit plutôt d'attitudes, de réflexes à avoir pour améliorer sa façon de communiquer. Sans doute avez-vous déjà employé certaines des stratégies développées ici ; une de celle dont j'abuse le plus est celle des alternatives : A., 2 ans et demi, ne veut pas mettre ses chaussures tout seul ou même avec de l'aide. Je lui explique qu'on doit sortir maintenant pour aller à la crèche et au travail, et qu'il n'y a pas d'autres possibilités. Il ne peut pas marcher pieds-nus dehors car il fait très froid, et les nounous de la crèche n'apprécierons pas de le voir arriver pieds nus. En revanche, il a le droit de choisir entre ses 2 paires de chaussures : "tu dois mettre tes chaussures, mais tu as le choix entre tes deux paires ; laquelle tu veux ? et si tu veux, je veux bien t'aider à les mettre". Le taux de réussite de cette technique est très important. Et même si l'on y pense spontanément dans certaines situations, le fait de lire cet ouvrage nous fait y penser dans des situations où l'on n'y aurait pas forcément pensé spontanément. Bien sûr, cette option n'est pas idéale, car on force le choix (finalement, nous décidons tout de même pour l'enfant qu'il doit mettre ses chaussures). Mais plus l'âge de l'enfant est élevé, plus il est possible de lui demander de trouver une alternative lui-même qui conviendrait mieux à tous les deux.

Autre point qui a vraiment remporté mon adhésion également : l'importance d'étiqueter le moins possible les enfants, c'est-à-dire d'éviter de les enfermer dans un comportement ou une manière d'être, surtout négative. Par exemple, éviter de qualifier les enfants de vilain, bête, méchant, agressif, maladroit : "tu es vilain" ; qualifier plutôt les actions : "tu as mal agis quand tu as tapé ta soeur" ou "tu as eu un très mauvais geste" ; "tu es maladroit", préférer "tu as cassé cette assiette, d'habitude tu agis avec plus de délicatesse". Il est toujours plus salutaire de saluer les comportements positifs ; cela élèvera l'égo de l'enfant et lui permettra de mieux se rappeler du positif plutôt que du négatif.

Un cadeau utile pour tout parent actuel ou en devenir.