De notre côté du ciel
de Hans Meyer zu Düttingdorf

critiqué par Les lectures d'Anne-Sophie, le 2 janvier 2019
( - 39 ans)


La note:  étoiles
Un roman magnifique et douloureux.
Il y a des livres qui vous racontent des histoires affreusement belles.
Ça semble parfaitement antinomique, et pourtant, dans ce roman, c’est parfaitement complémentaire.
Il va être question de guerre, de deuils, d’amour, de haine, d’amitié, d’enfance sacrifiée, et surtout de résilience.
La montée du nazisme, ses raisons et ses conséquences vues à travers le prisme de l’enfance, c’est ce que nous propose l’auteur pendant cette lecture. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a su quoi dire et comment l’écrire pour marquer nos esprits.
Henriette, petit bout de femme presque centenaire, quitte l’Uruguay en compagnie de son arrière petite-fille pour faire un voyage en Allemagne. Ce que tous ignorent c’est que pour Henriette ce séjour tient plus du pèlerinage sentimental que d’une visite touristique.
Car, l’Allemagne, Henriette la connaît bien.
C’est là qu’elle est née, qu’elle a commencé à grandir, et même à aimer pour la première fois.
Ici que s’est construite la bande du Trèfle à quatre feuilles, qu’elle formait avec ses trois meilleurs amis, tous si différents les uns des autres.
Il y a tant de beaux souvenirs dans ce pays.
Malheureusement, c’est aussi dans celui-ci qu’elle et ses amis assistèrent à la montée du nazisme.
C’est ici qu’elle comprit ce que la haine pouvait faire.
C’est de là qu’elle dû s’enfuir, elle, la petite fille juive, pour tenter de survivre.
C’est ici qu’elle a tout laissé; parents, amis, enfance et innocence.
Arrivée au crépuscule de sa vie, elle ose enfin revenir, pour essayer de les retrouver. Pour se retrouver, aussi.
Grâce à une alternance de chapitres se déroulant à 3 périodes bien distinctes de sa vie, on fait connaissance en même temps de cette toute jeune fille et de cette vieille dame. On apprend les horreurs d’hier et on comprend les silences d’aujourd’hui...
Je n’aime pas les romans qui parlent de la guerre. Je me sens impuissante et en colère devant tant de souffrances, de haines aveugles, d’obéissance coupable.
Par conséquent, pour les romans traitant de ce sujet, plus le livre est bon et moins je l’aime.
Celui-ci ne déroge pas à la règle : je ne peux pas dire que je l’ai aimé précisément parce qu’il est excellent.