Berry Story
de A.D.G.

critiqué par ATER, le 30 décembre 2018
(Roanne - 28 ans)


La note:  étoiles
Le Noir du Berry
ADG, qui était un enfant du pays, donne ici un roman complètement insolite où des ruraux se reconvertissent dans la grande truanderie pour survivre. Confrontés à des voyous parisiens, ils triompheront des embûches comme dans un "Ouesterne". C'est enlevé, hilarant, palpitant, unique en son genre, et un tour de force inattendu: un roman noir - noir comme l'âne du Berry - dont des pans entiers sont en patois et néanmoins intelligibles!

— Vous me faites l’effet de jolis cocos, je disais le lendemain matin aux copains assemblés chez Maupas pendant que leurs femmes entraient à l’église. De deux choses l’une : ou bien vous êtes complètement aberlutis ou bien vous faites semblant de rien voir.

Pour de sûr, ils avaient belle allure, pâles, fripés, la gueule sans doute en betteravière et l’œil pas franc.

— V’s’ avez point encore compris ce que c’est que cet orphelinat ? Un claque, un bourdeau, un boxon, un cabaret à gothons !

— Oh, que dit Justin avec son air de coin de coulisses, l’Arsène, faut toujours qu’il soye le plus malin. Et pourquoi-t-y qu’on viendrait installer un bordel à Saint-Vincent ? Rien que pour nos beaux yeux ?

— Naviau, j’ai rétorqué, t’as pas vu tous les gens qu’étaient là hier au soir : avec leurs voitures, qu’est-ce que ça peut leur faire cinquante ou cent kilomètres. Et si tu traces un grand cercle autour de Saint-Vincent, tu verras qu’il y en a de la ville importante autour, et pas qu’un peu !

— N’empêche, qu’a insisté Justin, que c’est le Député et même le chef-flic qui ont fait l’inauguration. Point une preuve ça ?

— Une preuve de mes deux, a dit Girgassou qui arrivait, simplement la preuve qu’ils touchent des enveloppes à la fin du mois et pas emplies de P. Q., faut me croire…