Le Prince noir
de Iris Murdoch

critiqué par Tistou, le 12 décembre 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Montée inéluctable d’une catastrophe
Londres, XXème siècle. Bradley Pearson est un auteur qui a connu un succès précoce mais sans lendemain. Sans lendemain largement du fait qu’il n’est pas d’une très grande fécondité et qu’il considère comme un acte de gloire de déchirer les feuilles que difficilement il écrit. Il a gagné sa vie, somme toute laborieuse, en tant « qu’agent du fisc », il est maintenant à la retraite.
Il a pour ami un écrivain plus jeune, plus prolixe, beaucoup plus prolixe, qui, lui, connait le succès avec des romans que Bradley considère comme mineurs et même médiocres. C’est Arnold Baffin.
Arnold Baffin, sa femme Rachel et Julian leur fille, constituent comme une seconde famille pour Bradley. Il a divorcé de Christian, sa femme, il y a déjà une paire d’années et celle-ci est partie épouser un riche et vieux Texan.
Il y a Francis Marloe, le frère de Christian, homosexuel veule à la personnalité trouble qui survit aux crochets de qui n’a pas le cœur de le rejeter et enfin Priscilla, la sœur de Bradley, de dix ans moins âgée que Bradley, qui vit un mariage malheureux et ne sait pas prendre les bonnes décisions.
Les acteurs sont en place et l’action va pouvoir se déclencher car, au vrai, « le Prince noir » se déroule telle une pièce de théâtre avec des actions qui rebondissent en un laps de temps très court, faisant interférer ces différents acteurs quasiment en une unité de lieu.

« Cela produirait peut-être plus d’effet du point de vue dramatique de faire commencer cette histoire au moment où Arnold Baffin me téléphona pour me dire : « Bradley, pourriez-vous venir me voir, s’il vous plait, je crois que je viens de tuer ma femme ». »

Ca commence fort, non ? Et la trame va s’entremêler très rapidement puisqu’au moment où Bradley quitte son havre pour aller chez Arnold constater qu’en fait celui-ci n’a pas tué sa femme, Francis Marloe débarque et lui annonce que Christian, son ex-femme, est revenue du Texas et va probablement chercher à le revoir, à sa grande contrariété.
Se rendant chez Arnold, il constate que Rachel n’est pas morte mais plutôt mortifiée de l’attitude de son mari. Il comprend qu’elle est amoureuse de lui. Puis très rapidement, Julian venant vers lui, c’est lui qui tombe amoureux d’elle – et elle a tout de même quelques dizaines d’années de moins que lui. Et puis débarque sa soeur Priscilla qui vient de quitter la maison familiale …
Les contrariétés s’enchainent à un rythme effréné sans qu’on ait le sentiment que Bradley puisse lutter. De fait, il ne lutte pas et est emporté tel un fétu de paille dans la tourmente des évènements.

Il ne s’agit pas d’un roman d’action pour autant. Loin de là même. L’introspection est au pouvoir au fil des avanies rencontrées par Bradley et ça va finir mal. Très mal.
Iris Murdoch n’est manifestement pas le genre d’auteur qu’on peut lire à toute vitesse, pas une « page-turner ». Il y a matière à réflexion dans ce « Prince noir » !