Le canal de Suez - Une voie maritime pour l'Egypte et le Monde
de Caroline Piquet

critiqué par Colen8, le 29 novembre 2018
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Baromètre économique mondial
L’idée de percer l’isthme de Suez remonte à l’Antiquité. Le diplomate Lesseps très introduit en Egypte, ami de plusieurs vice-rois successifs en sera le réalisateur malgré les manœuvres anglaises dissuasives auprès de l’empire Ottoman. Lors de sa quête, infructueuse, d’un financement par les capitales européennes il met en avant l’argument noble et généreux d’un projet universel œuvrant à l’élargissement des relations avec l’Orient au bénéfice du développement mondial. Très vite les Anglais rachètent les actions égyptiennes du canal souscrites par le vice-roi en quasi faillite, s’installent durablement sur cette terre, en assurent la sécurité par la présence continue de forces armées. En 1888 une convention reconnait au canal un statut neutre international qui ne tiendra guère après le démantèlement des possessions ottomanes à la fin du conflit 14-18 et les mises sous protectorat du Levant, de la Syrie, de l’Irak, en partie de l’Egypte par les anglais et par les français.
Inauguré il y a 150 ans le canal a été d’emblée au cœur de la géopolitique. Après la nationalisation de la Compagnie de Suez intervenue en 1956 douze ans avant l’échéance de la concession initiale il a représenté un symbole puissant de la souveraineté égyptienne et un instrument majeur de son développement économique. Son histoire retrace celle du reste du monde marquée par la violence des conflits au niveau mondial ou limités au Moyen-Orient, plus pacifiquement par celle du boom commercial tiré par les échanges pétroliers, par les débouchés des productions asiatiques vers les marchés occidentaux. C’est en toile de fond l’histoire des concurrences multimodales dans les transports : autres routes maritimes via le cap de Bonne Espérance ou le canal de Panama, oléoducs, chemins de fer, avions cargos. C’est aussi celle de la marine marchande, de sa course au gigantisme qui pose un défi permanent à l'Autorité du Canal obligée d'adapter sans cesse cette réalisation au cœur du désert pour y faire face.