Ciao Glibettes et Poules Sussex
de Frédérique Olivier-Ghauri

critiqué par Louisbererd, le 22 novembre 2018
( - 25 ans)


La note:  étoiles
L'histoire d'une Famille
En 1853, une famille d’Oberbergen, petit village du Grand-duché de Bade, à la frontière de la France, près de Colmar, part pour l’Algérie. Wendelin et Elisabeth Wursthorn, leurs sept enfants et tous leurs biens misent sur une nouvelle vie. En char à bœuf ils traversent la France jusqu’à Marseille, puis débarquent à Bône par le « Province d’Oran » à la fin de l’été. Les enfants deviennent peu à peu Français. Ils se marient, ont des enfants, dont beaucoup meurent avant l’âge de cinq ans. Benjamin, l’aîné, devenu veuf se marie avec Joséphine l’alsacienne, elle-même veuve. Quelques années plus tard, Frédéric se marie avec Virginie, fille de Salvador le maltais. Ensemble, avec leur petite Yvonne, ils partent pour la Tunisie tenter une nouvelle vie sur de nouvelles terres.
Frédéric Wursthorn s’installe avec son frère Joseph pas très loin de la frontière, à Eddekhila, un tout petit village. Là-encore l’Etat et l’armée sont à la manœuvre dans ce tout nouveau protectorat. La famille grandit à Eddekhila et malgré la guerre, les difficultés, les drames, Yvonne et ses sœurs arrivent en âge de se marier. Le melting-pot européen continue ainsi en Tunisie. Paulette rencontre Yvon, un beau soldat venu du Tarn qui devient son mari. C’est encore la guerre et cependant les enfants arrivent. Ils seront quatre, tous élevés entre Eddekhila, Tebourba, et Tunis. Les conditions restent difficiles mais la douceur de l’enfance embellit tout.
En septembre 1958, Yvon, Paulette, et toute la famille quittent définitivement la Tunisie indépendante. Ils s’installent à Albi, ville d’Yvon, qui accueille d’autres rapatriés de la famille jusqu’en 1961. Les deux sœurs se retrouvent commerçantes. L’adaptation est difficile. Les rapatriés ne sont pas les bienvenus. Paulette ne reconnaît plus la vie. Elle repense aux tragédies de la Tunisie et de l’Algérie et tout cela se cristallise sur l’histoire de la petite Marie disparue tragiquement à quatre ans près du bar des Maltais au Tarf, en Algérie. Paulette décèdera en 2010, dix ans après sa sœur Germaine qui ne l’aura jamais quittée. Elles gardaient des traditions de leur monde perdu qui se résumaient à des recettes de cuisine magiques et inégalées.