Souvenirs de la marée basse
de Chantal Thomas

critiqué par Marvic, le 20 novembre 2018
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Mère agitée
Chantal Thomas est à Nice, à quelques mètres de cette mer où elle aime tant se baigner, même quand l’orage gronde, et qu’il déverse ses trombes d’eau sur la plage, la baigneuse et ses affaires.
Ce besoin, ce plaisir de la nage, c’est à sa mère qu’elle le doit.
Jackie avait un besoin vital de nager.
Mariée à Armand, son amour d’adolescence, elle vivait à Lyon, partageant avec lui la passion du sport . La naissance de sa fille ne changera pas le mode de vie du couple. Ce sont les grands-parents qui doivent récupérer la valise et le bébé.
Jackie se persuade que le bonheur se trouve à Arcachon, dans cette ville où elle passait ses vacances de petite fille et où ses parents se sont installés.
Cette ville où, entraînée par son père, elle pensait devenir une championne de crawl. Mais les félicitations de son père lui suffisaient ; s’inscrire dans un club , respecter des codes, des normes, des ordres, elle en était incapable.
Chantal grandit auprès de cette maman immature, fantasque, changeante, sans s’interroger sur la norme puisqu’elle n’en connaît pas, étonnée de croiser des familles "Chiffre" ou "Leçon" , qu’elle n’envie pas. Elle jouit d’une liberté totale sur le sable, dans l’eau, au milieu de ces paysages mouvants jamais semblables.
"Mais quelque chose d’autre, quelque chose d’étranger chez moi où les sautes d’humeur de ma mère créent un climat instable, où, à tout moment, des renversements de situation, des changements de projet sont possibles."

Des dizaines d’années plus tard, c’est l’éloignement qui curieusement permettra des échanges de cartes où Jackie écrira son amour pour sa fille, puis malgré cette volonté de continuer à avoir une "vraie" vie, l’âge et la perte de mémoire rattraperont cette femme fantasque ; oublis volontaires et involontaires finissant par se confondre.

J’avoue ne pas m’être passionnée par ce récit, malgré une écriture agréable, d’une enfance arcachonnaise auprès d’une maman peu responsable, une femme qui refusait de se soumettre aux règles sociales :
"Et, selon l’équivalence qu’elle posait entre résignation et désespoir, les femmes les plus désespérées étant sans doute celles dont on disait qu’elles avaient tout pour être heureuses et qui écrasées sous le poids de ce bonheur imaginaire, se forçaient à en avoir l’air."
Le manque de repères temporels (hors celui des saisons) m’a gênée à plusieurs reprises.
Finalement, ce sont les dernières pages que j’ai le plus appréciées, les plus touchantes, quand se (re?)nouent les liens qui leur permettront de s’aimer.