Célébrer vivre
de Marcel Migozzi, René Welter, Lawand (Dessin)

critiqué par Eric Eliès, le 18 novembre 2018
( - 49 ans)


La note:  étoiles
Une poésie épurée à l'extrême, comme un mot d'amour murmuré pour célébrer le monde et la vie
Cette mince plaquette d’une trentaine de pages, accompagnée des peintures d’un peintre syrien établi en France, est un recueil écrit à quatre mains, sans distinction entre les contributions des deux poètes, Marcel Migozzi (né en 1936) et René Walter (né en 1952).
Les vers des poèmes sont très courts, presque lapidaires, donnant le sentiment d’une écriture verticale sur la page devenue stèle.

Le recueil est d’une grande cohérence et doit être lu d’une traite, ce qui d’ailleurs ne prend guère de temps car il se dévore en moins d’un quart d’heure. Néanmoins, même si sa leçon est simple à méditer, comme tout ce qui touche à l’essentiel (la vie, la mort), sa résonance est profonde…En quelques mots, les poèmes enjoignent au poète de ne pas se détourner du monde et de la vie, car l’écriture peut alors devenir un simple jeu facile et trompeur. Il ne s’agit pas de dénoncer l’inanité de l’écriture mais de souligner son devoir d’humilité face à la vie, qui doit d’abord être vécue, et face à la mort, qui est inéluctable et effrite en poussière toutes les ambitions de gloire et d’éternité...

Mais / à quoi / bon / écrire / vivre / fidèle / à la source / des matinaux / suffit

Eteins / la lampe / sur la page / sors / dans la nuit givrée / peu / à peu / tu verras / plus loin / plus clair

Mais l’écriture n’est pas vaine puisque, par la célébration des instants vécus au fil des jours, à la beauté fragile comme la neige, elle crée un lien entre nous et le monde et que ce lien est un lien d’amour, qui ouvre et clôt le recueil. L’écriture seule donne vie aux mots et hisse l’amour au-dessus des silences qui menacent.

On n’écrit / pas assez / sur ce qu’on aime (…)

Oui / écrire / donne / vie / malgré / tous les silences / au / mot / aimer


Nota ISBN : 9789995974978 (non référencé chez Amazon)