Raylan
de Elmore Leonard

critiqué par Tistou, le 18 novembre 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Trafic d’organes
Elmore Leonard a cette capacité à s’emparer de faits de société, ou de faits d’évolution de société, pour les traiter à sa sauce, comprendre dans le cadre d’un polar soft, un polar où l’humour sourd de partout, dédramatisant des faits objectivement dramatiques. Ils sont quelques-uns aux USA de ce calibre, Carl Hiaasen en est un autre, de même que le défunt Donald Westlake. Qui, en France, pourrait être considéré sur ce créneau ? Tonino Benacquista, peut-être ?
C’est le trafic d’organes humains qui est ainsi le sujet de « Raylan ». Et à dire vrai, on ne peut que craindre que ceci recouvre réellement une activité criminelle, quand on y pense bien. Elmore Leonard va un cran plus loin puisque, au simple trafic, qui comporte une part d’aléatoire (trouver le donneur ou le receveur compatible, notamment), il substitue avec pragmatisme le rapt, suivi de prélèvement d’organes et de chantage subséquent auprès du « donneur » involontaire pour lui « revendre » et réimplanter ses propres organes (étape identification du receveur compatible sautée !). Ca fait froid dans le dos ! (même en ces temps de canicule)
Raylan - c’est le prénom du Marshall, Raylan Givens, apparemment déjà intervenu dans d’autres romans d’Elmore Leonard - va enquêter sur de tristes sires et sombres crétins, les frères Crowe, qui faisaient jusque - là dans le deal de drogues et qui sont passés au cran « trafic d’organes ingénieux ». Raylan, qui connait son monde dans ce coin paumé du Kentucky (oui, là on fait dans l’Amérique profonde), comprend bien vite que les deux cerveaux des frères Crowe, même conjugués, ne sont pas en mesure de mener ce genre d’opération. Mais qui alors ? Eh bien c’est justement l’intérêt de son enquête et du roman, vous comprendrez donc que je n’en dise pas davantage !

« A quarante ans passés, Coover et Dickie Crowe étaient toujours des ados. Quand ils ne sillonnaient pas le comté en quête de founes, ils restaient à traîner dans la maison de Dickie, de l’autre côté de la montagne, à regarder du porno. La maison de Coover était toujours sale et elle sentait mauvais. Celle de Dickie était envahie de souvenirs d’Elvis Presley … »

Quand je vous dis « Amérique profonde » ! Comme à l’accoutumée un style très direct, énormément de dialogues (en même temps, Elmore Leonard a un gros passé de scénariste pour Hollywood) et … on va droit au but, mais dans une ambiance toujours premier degré et demi, un petit poil au-dessus du drame …