Un hosanna sans fin
de Jean d' Ormesson

critiqué par Hervé28, le 15 novembre 2018
(Chartres - 54 ans)


La note:  étoiles
Ultime roman de Jean d'Ormesson
Jamais livre de Jean d'Ormesson n'est sorti sans un tel battage médiatique. Des hebdomadaires à la radio, en passant par des émissions télé comme "la grande librairie", personne ne pouvait passer à travers de cet "Hosanna sans fin" du regretté Jean d'Ormesson, qui pour une fois n'a pas emprunté le titre de son ouvrage à Aragon mais à Chateaubriand, l'écrivain qu'il plaçait au dessus de tous les autres. Il faut souligner le bel et émouvant avertissement de sa fille, Héloïse d'Ormesson, sur la genèse de cet ouvrage. Également éditrice de son défunt père, elle a eu la très bonne idée de reproduire une page fac-similé du manuscrit de son père, ce petit paragraphe étant, s'agissant d'un ouvrage posthume, d'une beauté poignante.

Avec ce dernier roman, ou plutôt ce dernier essai, Jean d'Ormesson boucle, outre tombe, ce qu'il avait entamé avec "Un chant d'espérance" -que l'on retrouve dans le tome II de la Pléiade- et le plus récent "Guide des égarés" , que j'avais beaucoup apprécié.
Notre académicien à présent vraiment immortel, nous livre, une dernière fois, ses réflexions sur la vie, la mort, le big bang, Darwin (encore une fois!), la science mais surtout sur l'existence de Dieu qui finalement s'efface sur un fait historique avéré, celui de Christ Jésus, qui "a laissé une trace éclatante".

Découpé en de très courts chapitres, ce dernier livre de Jean d'O se lit très rapidement , mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit du dernier livre d'un homme affaibli de 92 ans, achevé la veille de sa mort. L'écriture est toujours aussi vive et alerte et on sent à travers la lecture, que Jean d'Ormesson entame une ultime partie d'échecs , non pas avec l'Histoire comme il l'avait signé dans l'excellent " Et moi je vis toujours" mais avec le mystère de Dieu, qu'il existe ou pas.

Depuis des années , je suis un admirateur inconditionnel de Jean d'Ormesson.
Je possède l'ensemble de ses écrits dans des éditions différentes et variées (brochées, poche, La Pléiade, collection bouquin) et je dois dire que cet "Hosanna sans fin", même s'il ressasse des idées déjà vues dans l’œuvre de notre plus célèbre académicien , est d'un très bon niveau et peut se lire comme le testament (enfin ultime) du regretté Jean d'Ormesson.

Alors, oui, "C'était bien" et "Au revoir et merci", Monsieur d'Ormesson .
Un petit ouvrage précieux ! 8 étoiles

Tout d’abord, le terme « hosanna », dans la religion chrétienne, est une exclamation de joie. Ce livre est le dernier ouvrage – posthume – de Jean d’Ormesson. Avec le lecteur, il s’interroge sur notre destinée commune. Il fait le point sur la vie, beaucoup sur la mort - notre fin à tous -, sur l’après ; sur la science et ses limites, sur les croyants. Tout cela bien sûr avec beaucoup de sagesse, beaucoup de délicatesse, comme d’hab.

Un petit ouvrage précieux !

Extraits :
- « Les enfants que je n’ai pas eu ne savent pas ce qu’ils me doivent ». E.M. Cioran.

- Un enfant de sept ans en sait plus aujourd’hui que Platon ou Aristote, que Spinoza ou Hegel.

- Nous sommes aujourd’hui sur cette planète insignifiante – et grâce à nous triomphante - entre sept et huit milliards. Il y a deux mille ans, au début du christianisme, la population du globe s’élevait à deux cent cinquante millions d’individus. Quatre ou cinq cents ans plus tôt, à l’époque de Périclès, Platon, de Sophocle, de Phidias, le chiffre n’atteignait que cent cinquante millions, (…) Le chiffre tombe très vite au-dessous des cent millions et bientôt au-dessus du million. Il y a une période de notre l’histoire où nos ancêtres ne sont que quelques dizaines de millions ou même quelques milliers. Le premier milliard est atteint au XIX ème siècle. C’est à partir de là que la machine s’emballe et grimpe à six milliards en à peine un siècle. La science est passée par là. Elle n’a pas fini de faire parler d’elle et en bien et en mal.

- Dieu existe-t-il ? Je ne peux, à cette question, offrir qu’une seule réponse : « je ne sais pas ».
Qui suis-je pour résoudre un problème qui a jeté dans les affres de l’incertitude des générations de théologiens et de savants ? Qui suis-je pour trancher un débat qui se poursuit en vain depuis deux ou trois millénaires ? Tout ce que je peux faire, c’est exprimer un sentiment : ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est que, sous une forme ou sous une autre, j’hésite beaucoup sur ce point, Dieu existât.

- Je ne sais pas si Dieu existe : je suis agnostique. L’agnostique est trop souvent jeté dans le même sac que l’athée. C’est une erreur. L’athée est très loin de ne pas savoir : il sait de source sûre que Dieu n’existe pas. Je souhaite, au contraire, avec une sorte de passion, que Dieu existe. Pour dire, une fois de plus, les choses aussi vite que possible, j’ai remplacé la foi par l’espérance.

- Croire est une grande chance. La foi est un bonheur. Plus puissante encore que la pensée, elle soulève les montagnes.

Catinus - Liège - 72 ans - 22 octobre 2019


Métaphysique pour classe de Troisième 4 étoiles

Un ramassis ordonné de platitudes, de lieux communs sur la vie, la mort, la science, la religion
Comme il le dit lui-même au bout de 120 pages : "Ne nous faisons pas d'illusions : nous avons très peu avancé. Le lecteur sera bien d’accord : il ne suffit pas de citer des grands noms de la philosophie ou de la science pour cacher le néant intellectuel. Comment d’Ormesson a-t-il pu commettre un truc pareil ? Soit il était vraiment sur la fin, soit la famille a fabriqué cet « Hosanna sans grand intérêt » à partir de notes éparses.

Romur - Viroflay - 50 ans - 16 février 2019


Des leçons de métaphysique élémentaire 10 étoiles

Jean d'Ormesson, de l'Académie française, agrégé de philosophie, livre ses dernières réflexions publiques, qui s'avèrent relatives aux raisons de notre existence, à nos origines. Il sonde l'histoire et la science pour connaître notre passé et vérifier que l'avenir reste un halo d'ignorance au-delà du court terme. La religion reste source d'espérance, mais pas de certitude. Agnostique, il affirme que rien n'empêche l'existence de Dieu ni ne permet vraiment de le prouver.

L'auteur rédige une série de chapitres très courts où il pose davantage de questions qu'il apporte de réponses, comme il l'évoque lui-même, bien qu'il indique des voies de réflexions, qui ressemblent à des leçons initiatiques de philosophie et de métaphysique. Le choix de la synthèse, au crépuscule de sa vie, semble relever de la volonté de revenir à l'essentiel, et cela ne manque ni de clarté ni d'utilité.

Veneziano - Paris - 46 ans - 2 décembre 2018