Einstein, le sexe et moi de Olivier Liron

Einstein, le sexe et moi de Olivier Liron

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nathavh, le 11 novembre 2018 (Inscrite le 22 novembre 2016, 59 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
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Un remède contre la morosité

Le 15 août 2012 fut une journée importante pour Olivier Liron, c'était l'enregistrement de l'émission "Super question pour un champion" avec le mythique Julien Lepers.

Ah Julien Lepers, tout un poème ! Celui qui tous les soirs captaient l'attention dans les foyers, celui qui aurait sans doute aimé embrasser une autre carrière, celle de chanteur dans les années 70... allez savoir ... C'est l'auteur du tout au moins mythique "Pour le plaisir" d'Herbert Léonard.

Celui qui s'emballe en posant des questions, oui, oui, oui, qui lance ses fiches en l'air, titille ou soutient les candidats...

Bon, on se calme... Julien fait certes partie du roman mais c'est aussi de lui, qu'Olivier Liron (dont il s'agit du deuxième roman) nous parle à travers les coulisses et l'enregistrement de cette émission.

Quel est l'intérêt de ce roman me direz-vous ?

Il est multiple car on rit, on pleure, on passe par pleins d'émotions surtout le rire et l'humour avec un vrai style littéraire.

Olivier est autiste asperger, comme il le dit lui même, ce n'est pas une maladie mais une différence. Il en a beaucoup souffert de cette particularité et à travers le récit de cette finale, entre les séquences - le livre est construit en fonction des différentes étapes de l'émission - il nous parle de lui, de ses expériences, de son vécu, de son apprentissage.

Une petite madeleine dans le coca entre chaque séquence et c'est parti, il nous raconte son enfance solitaire, triste, son mal être, sa colère, ses chagrins, ses peurs, ses émotions, comment il s'est réfugié dans les mots, la connaissance pour "se remplir la tête pour peupler sa solitude".

Il nous raconte ses premières amours, ses premiers émois, ses craintes, sa maladresse dans le début de sa vie intime. Je ne verrai plus jamais "Les pensées de Pascal" de la même manière.

Ce qui fait la force de ce roman, c'est sa sincérité, son auto-dérision, l'humour.

Il parle de sa différence de façon touchante, de la manière dont il l'a surmontée. Il sublime son "handicap", le dépasse et cette particularité devient sa force qu'il trouve dans l'écriture, une écriture salvatrice, une force intérieure, une résilience.

Oui, lisez ce petit ovni littéraire dont on parle beaucoup, c'est une pause, un petit moment de pur bonheur. Un personnage attachant qui gagne à être connu.

Ma note : 9.5/10


Les jolies phrases

Ensuite je me souviens qu'on s'est mis derrières les buzzers. Tout s'est bousculé dans ma tête, le sang est venu battre à mes tempes comme la mer, et c'était comme entrer dans un rêve sous la lumière aveuglante des projecteurs.

La vraie vie est plus romanesque que les films.

Mais la façon dont les autres vous font comprendre votre différence, ça s'inscrit aussi dans le corps. J'ai dans mes tripes la mémoire de la différence qu'on m'a apprise, qu'on a tatouée sur ma chair.

Ce qui ne tue pas rend plus fort... à condition qu'on en réchappe et qu'on ne meure pas avant de désespoir ou de résignation.

Le plus drôle, ou le plus énervant, comme on veut, ce n'est pas la difficulté d'être différent, c'est l'absence de toute prise en compte de cette différence à l'école par les adultes.

C'est marrant, je parle du corps, mais j'ai l'impression que les mots ont encore plus de pouvoir que les coups, que les mots sont les coups qui ne partent jamais, les plus indélébiles, les plus violents pour le corps, justement.

Il s'est passé des choses dans ma tête. Il se passe souvent trop de choses dans ma tête.

Je me souviens de tous les détails, ma mémoire est un enfer, l'oubli est un long chemin qui mène au pays du bonheur.

Le problème avec la vérité, j'ai pensé c'est qu'on ne sait pas comment la révéler.

J'aurais voulu lui dire que je ne m'accordais pas le droit d'être moi-même, et que j'avais l'impression d'être mon propre tyran en permanence, mon propre monstre. J'ai un monstre en moi.

Je me suis rempli la tête d'informations pour peupler ma solitude.

Mes parents étaient des fonctionnaires qui n'avaient pas l'air de très bien fonctionner.

La joie est un pur délice de l'esprit qu'on ne doit pas manger trop vite, sinon on peut faire une indigestion.

Quand on ne peut pas parler, on construit des forteresses. Ma forteresse à moi est faite de solitude et de colère. Ma forteresse à moi est faite de poésie et de silence. Ma forteresse à moi est faite d'un long hurlement. Ma forteresse à moi est imprenable. Et j'en suis le prisonnier.

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Se laisse lire

6 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 30 août 2019

Olivier Liron raconte son passage dans un célèbre jeu télévisé sur une chaîne française.
En tentant de faire fi de mon aversion pour le personnage du présentateur je vais tenter de donner un avis le moins négatif possible sur ce livre.
Il y a ici de bons passages, l'auteur raconte avec humour son handicap et l'importance que revêt ce jeu pour lui, cette espèce de réhabilitation qu'il cherche afin de se prouver qu'il n'est pas aussi mauvais que ses congénères lui ont dit avec fort peu d'élégance depuis sa naissance.

Maintenant j'ai un peu peur que ce genre de roman n'ouvre la voie à d'autres du genre "Mes midis avec Jean-Luc" (référence à cette abomination qui beugle entre deux publicités sur la première chaîne française à l'heure de la pause déjeuner), ou "je fus la reine de Christina" (voire Cristina Córdula, cette princesse de la distinction dans les reines du shopping), ou même "un moment avec Cyril Hanouna" dont je préfère éviter le sujet au risque de devenir méchant.

Bilan de ma lecture. Se laisse lire, sans plus.

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