Il est grand temps de rallumer les étoiles (Apollinaire)
de Guillaume Apollinaire, Frank Thomas, Reinhardt Wagner, Sylvie Serprix (Dessin)

critiqué par Débézed, le 8 novembre 2018
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Quand il est mort le poète
Il y a un siècle, le 9 novembre 1918, décédait l’immense poète Guillaume Apollinaire, la Grande Guerre l’avait épargné, la grippe espagnole ne lui laissa pas la même chance, elle profita de ses blessures et de sa faiblesse pour l’emporter au paradis des poètes. Il avait choisi de défendre la France avant de demander la nationalité française et de mourir pour elle. Cent ans après, jour pour jour, le Label 10h10 publie ce disque-livre pour honorer la mémoire de ce grand auteur devenu héros de la patrie aux côtés de tous ceux dont le nom est inscrit sur les monuments aux morts de toutes les communes de France.

Pour réaliser ce magnifique témoignage du talent d’Apollinaire et commémorer sa bravoure, Reinhardt Wagner qui a composé toutes les musiques du CD, a réuni des artistes eux aussi fort talentueux. Les poèmes d’Apollinaire sont lus par Denis Lavant et Tania Torrens dit les narrations écrites par Reinhardt Wagner et André Salmon. Les chansons d’Apollinaire et celles de Frank Thomas et Reinhardt Wagner sont chantées par Emmanuelle Goizé et Héloïse Wagner accompagnées par Ghislain Hervet et Reinhardt Wagner.

Ce livre comporte un cahier illustré par Sylvie Serprix et un CD, les deux supports rassemblent les mêmes textes, les mêmes poèmes, les mêmes chansons qui racontent les grandes étapes de la vie du poète. Un bref texte introductif, lu par le récitant, met en scène chaque événement rapporté qui est ensuite illustré par la lecture d’un poème d’Apollinaire ou, alternativement, par une chanson tirée d’un poème du maître ou écrite par les deux auteurs cités ci-dessus. Le résultat est absolument magnifique, l’alternance de poésie, de musique et de chants plonge le lecteur/auditeur dans une atmosphère de quiète douceur qui contraste fortement avec la violence des événements que le poète a vécus. Comme si les instigateurs de ce témoignage avaient voulu mettre en évidence le grand écart émotionnel existant entre l’œuvre du poète et son expérience dans la guerre.

Il chantait l’amour comme d‘autres chantent leur religion :

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Il aimait la couleur, il chantait les peintres, Picasso, Braque, Laurencin, … et le célèbre douanier :

Tu te souviens, Rousseau, du paysage aztèque,
Des forêts où poussaient la mangue et l’ananas,
Des singes répandant tout le sang des pastèques
Et du blond empereur qu’on fusilla là-bas.

Il était amour et art, couleur et musique, il est mort, bien trop tôt, par le fer des hommes en folie et les microbes de l’épidémie galopante. Il reste aujourd’hui ce magnifique objet qui témoigne par l’écrit, le chant et la poésie, de la paix, de la douceur et de l’amour qui inondaient son cœur.

A l'approche de Noël, ce magnifique disque-livre fera un superbe cadeau, il enchantera tous ceux qui ont aimé le poète et les chansons puisées dans ses vers.