Pourquoi y a-t-il des inégalités entre les hommes et les femmes ?
de Dorothée Werner (Scénario), Soledad Bravi (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 29 octobre 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
La femme, cet homme comme les autres
A l’heure où l’on assiste au retour d’un machisme décomplexé, tant dans les propos et les pratiques constatés à travers les médias et dans la vie politique, ce petit livre vient à point nommé pour nous livrer un argumentaire objectif sous forme de chronologie, remontant aux origines des inégalités entre les hommes et les femmes depuis la préhistoire jusqu’à nos jours.

N’en déplaise au petit épicier Eric Zemmour qui n’a rien trouvé de mieux pour nourrir son fonds de commerce que de répandre à coups de phrases choc à la ficelle aussi grosse qu’usée son fiel atrabilaire dans les débats qui agitent la société, les choses ont changé pour la gent féminine depuis le temps des cavernes, même s’il reste encore beaucoup à faire face aux résistances parfois hargneuses des conservateurs. Si d’autres, comme notre philosophe aux vues aussi minces que son portefeuille n’est épais, ont des poussées d’ulcères face aux revendications de 50 % de l’humanité à obtenir les mêmes droits que l’autre moitié, ils ne devraient vraisemblablement pas se réjouir de la parution de ce petit ouvrage.

Et pourtant, de façon intelligente, celui-ci insiste davantage sur l’aspect factuel plutôt que de se livrer à des attaques cinglantes contre les tenants de la tradition. Les faits exposés dans ce digest chronologique permettent ainsi de comprendre que la prétendue supériorité de l’homme sur la femme n’est qu’un préjugé absurde résultant d’une domination du premier sur la seconde. Une domination justifiée uniquement par le muscle, résultat d’une évolution biologique induite par les fonctions sociales (à l’origine, la chasse pour les hommes, la cueillette pour les femmes, pour une simple histoire d’écoulement menstruel), contribuant au fil du temps à asseoir un patriarcat lourd comme le plomb, hélas bien souvent avec l’accord de celles qui en sont victimes.

Avec l’aide de Dorothée Werner pour la recherche historique, Soledad Bravi égaye ses gentils crobards d’un humour subtil, une option nettement préférable à l’attaque, toujours moins crédible dans ce type de débat. Sans tonitruance médiatique accompagnant la sortie du livre, on imagine bien que les ventes n’atteindront pas celles des brûlots du Zemmour précité, mais ses auteures, elles, ne mangent pas de ce pain-là. Un bémol peut-être : ces dernières ne citent jamais leur sources, notamment quand elles livrent des statistiques. Ce qui ne remet pas en cause le propos, mais pourrait donner du grain à moudre à leurs adversaires.

Cette petite BD de moins de cent pages se lit rapidement et ne devrait pas trop fatiguer les plus rétifs à la lecture. Elle permet aussi de recentrer le débat et donne envie de repartir sur des bases plus justes et fondées sur le respect. Tout simplement.