Jack London - Arriver à bon port ou sombrer en essayant
de Koza

critiqué par Blue Boy, le 28 octobre 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Mal de mer
Le neuvième art a fait à plusieurs reprises des adaptations de l’œuvre de Jack London : « Le Loup des mers », par Riff Reb’s, « Construire un feu » par Chabouté ou encore « Fils du soleil » par Fabien Nury & Eric Henninot. Il était donc dans la logique des choses que l’auteur américain fasse l’objet d’une biographie dessinée. Ainsi, Koza restitue son parcours en mettant en lumière son engagement politique en faveur de la révolution socialiste, car London n’était pas seulement l’écrivain aventurier des grands espaces. Dommage que le résultat soit inégal.

« Le présent ouvrage n’est en rien une biographie, seulement le récit d’un voyage, d’un couple et d’un voilier, d’avril 1907 à mars 1909 ». Koza (qui serait en fait Maximilien Le Roy, avec déjà plusieurs BD à son actif en tant que dessinateur et/ou scénariste) préfère prendre les devants avec sa préface, et on ne saurait le lui reprocher. Car tout lecteur s’attendant à une biographie risque en effet de rester sur sa faim. Rejetant toute linéarité narrative, ce que nous livre l’auteur est plus une évocation poétique aux dialogues épars qu’un récit véritablement construit. Là où le bât blesse, c’est que, le mélange des genres étant toujours délicat, cela ne fonctionne pas très bien ici. Il est possible que certains apprécient cette odyssée erratique, mais si le dessin de Koza est plutôt plaisant avec ses tons chatoyants et ses superbes aquarelles impressionnistes en pleines pages (si l’on excepte les visages que l’on distingue difficilement les uns des autres), au final le lecteur ne retiendra pas grand-chose de cette histoire poussive qui sent l’improvisation et engendre parfois un sentiment de perplexité voire de confusion.

Malgré la performance graphique, ce « Jack London » reste donc décevant. Même si l’on sent une sincère admiration de l’auteur pour l’écrivain américain, on doit constater ici que sincérité n’est pas forcément gage de qualité. Et dans le cas présent, la déception est hélas à la hauteur des attentes.