Le Maître du Jugement dernier
de Leo Perutz

critiqué par Romur, le 21 octobre 2018
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
Surnaturel, folie ou mensonge ?
Vienne en 1909 (toujours l’empire austro-hongrois qui est la patrie de Perutz). Qui a tué l’acteur Eugen Bishoff ? Le baron von Yosh, amoureux de la femme de Bishoff ? Ou alors s’est-il suicidé et dans ce cas qui l’a poussé au suicide ? Faut-il rapprocher ce cas d’autres suicides d’artistes inexpliqués ? Yosh mène l’enquête pour se disculper, en parallèle d’un groupe d’amis de Bishoff.
Ca débute façon Mystère de la chambre jaune, mais très vite Léo Perutz nous entraine dans l’univers qui est le sien, entre réalité et fantastique. L’enquête rebondit, à la poursuite d’un assassin invisible. Sommes-nous dans un monde surnaturel ou dans les recoins sombres d’un inconscient qui refoule un souvenir dérangeant ? « Nous portons en nous sans le savoir un ennemi formidable. Il ne bouge pas, il dort, il a l’air mort. Gare s’il se réveille ! ». La fin m’a fait penser à un célèbre roman d’Agatha Christie.
Ma seule déception face à ce roman est que le côté fantastique est assez appuyé, façon Maupassant, moins subtil et moins discret que dans d’autres romans de Perutz. Mais le style et l’ambiance sont là. J’adore Perutz, son habileté à nous faire perdre nos repères, nous faire basculer dans une autre réalité... pourquoi cet écrivain n’est-il pas plus connu ?
Agatha en Cacanie 9 étoiles

Le Maître du Jugement dernier est un roman extrêmement bien mené et dont la réussite essentielle tient dans le jeu subtil entre la réalité telle qu'elle est perçue par le personnage principal, presque tout le récit se déroule de son seul point de vue, et les éléments objectifs de l'intrigue criminelle, les deux se croisant et s'éclairant mutuellement.

Le baron Yosh a-t-il réellement poussé Eugène Bischoff au suicide comme certains semblent le penser, comme l'en accuse violemment le beau-frère du défunt et comme se prend à douter Yosh lui-même ? Ou bien, comme le soutient l'ingénieur Solgrub, la victime a-elle été la proie d'une sorte de maléfice auquel d'autres âmes sensibles ont également succombé ?

La réputation du baron est en jeu et il reste peu de temps pour découvrir le coupable. D'autant plus que les victimes tombent comme dans un jeu de cartes.

Les coups de théâtre ne manquent pas, le premier éclat tenant de l'éblouissement d'un tour de passe-passe, et ont d'autant plus de consistance que les frontières entre le rêve, l'impression subjective et la folie paraissent ténues. Leo Perutz se joue de nous, s'ingénie à nous égarer pour notre plus grand plaisir dans ce roman qui brille par son habileté.

Le rideau s'abaisse sur un dernier retournement, remarquable clin d'oeil au lecteur d'un romancier qui n'a jamais aussi bien maîtrisé son art. Bravo.

Kostog - - 51 ans - 19 août 2020


Un très bon roman policier et fantastique à la fois 8 étoiles

J’avais mis ce livre, « Le Maître du Jugement dernier », de Leo Perutz, dans ma liste des livres à lire, au vu des critiques postés et du thème du livre. J’ai fini par l’emprunter à une médiathèque, et je l’ai lu en moins d’une semaine. C’est qu’il n’est pas bien épais et se lit sans difficultés.

C’est l’histoire d’une enquête policière sur une série de suicides, dont la solution, à la fin, apparaît fantastique. Un roman policier et fantastique à la fois, à l’époque de l’Autriche-Hongrie, où les personnages évoluent dans une ambiance particulière, mi réaliste, mi onirique.

J’ai bien aimé. Le style est élégant et l’histoire est prenante et donne toujours envie d’en savoir plus. Ce Leo Perutz est vraiment un auteur intéressant et je lirai certainement d’autres livres de lui. Il me fait penser plus à du Poe qu’à du Kafka , ses contemporains dans le même genre, dont la renommée littéraire a beaucoup plus éclatée que la sienne propre, un peu injustement.

J’allais mettre une note élevée à ce livre. Mais entretemps, j’avais commencé « Le journal d’une femme de chambre » d’Octave Mirbeau, dans un genre complètement différent, même si de la même époque, et la différence de niveau littéraire m’a très vite sauté aux yeux. Cela a amoindrit mon désir de bien noter « Le Maître du jugement dernier ». J’en suis bien désolé, M. Perutz, mais croyez bien que je reviendrai vers vous malgré cela, car comme je l’ai dit, vous êtes un auteur intéressant, qui avez écrit là une histoire qui m’a beaucoup plu et m’avez donné envie de découvrir les autres œuvres que vous avez créés.

Cédelor - Paris - 52 ans - 4 janvier 2020


Fantastique 10 étoiles

Présentation éditeur: "Vienne, 1909. Au cours d'une soirée de musique de chambre organisée par sa femme Dina, le célèbre acteur Eugen Bischoff trouve la mort dans des circonstances mystérieuses. Suicide provoqué? Meurtre déguisé en suicide? Les soupçons se portent sur le baron von Yosch, homme froid, calculateur, et pourtant bizarrement rêveur, dont chacun sait qu'il est éperdument amoureux de Dina.
Leo Perutz nous plonge dans les délices d’un roman éblouissant d’habileté et d’élégance narratives, terrible et inquiétant pour nous tenir en haleine jusqu’au bout.
Le plus fantastique des romans de Leo Perutz, celui, aussi, que Borges admirait le plus."

Ravenbac - Reims - 58 ans - 24 mars 2019