La maison en papier
de Carlos María Domínguez

critiqué par Clarabel, le 8 juin 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Les livres sont dangereux
Ainsi commence le roman: "Au printemps de l'année 1998, Bluma Lennon venait d'acheter dans une librairie de Soho un exemplaire ancien des Poèmes d'Emily Dickinson quand, arrivée au deuxième sonnet, au premier coin de rue, elle a été renversée par une voiture." Début assez burlesque et pathétique pour un roman particulièrement captivant, où il est question de la fascination qu'exercent les livres sur le lecteur, leur pouvoir grandissant et presque dangereux !.. Les livres changent le destin des gens, affirme le narrateur. Oui, et il le démontre.
"La maison en papier" est un joli titre pour symboliser l'invasion des livres dans la vie d'un bibliophile par exemple, mais le roman va aussi raconter une histoire abracadabrante. Celle d'un homme, d'une femme et d'un livre ("La ligne d'ombre" de Joseph Conrad). Le narrateur, lui, est le témoin de cette épopée, le passager involontaire d'une histoire qu'il rapporte assez méticuleusement. Après le décès de sa collègue Bluma Lennon, il occupe son poste à Cambridge. Un jour il reçoit une enveloppe postée d'Uruguay et contenant un exemplaire assez miteux du livre de Conrad. Ce livre est dans un piteux état, couvert d'une croûte sale et d'infimes particules de ciment. Aucune lettre, mais une dédicace de la défunte Bluma: " Pour Carlos... etc ".
Intrigué, le narrateur va partir enquêter sur ce Carlos, ses relations avec Bluma, et lui apprendre le décès de leur amie commune. La tâche s'avérera difficile : les rencontres du narrateur vont écarquiller ses yeux au fil de ses découvertes lorsqu'il apprendra davantage du sort de Carlos Brauer, du livre de Conrad et des livres en général.
Car ce roman de Carlos Maria Dominguez est une magnifique plongée dans l'univers des lecteurs assidus, sur le pouvoir et la fascination des livres, sur le monde des bibliophiles à tendance maladive, exploratrice ou conquérante. "La maison en papier" est d'une magnificence rare, cultivée et précieuse. L'auteur, lui-même critique littéraire, déballe sa passion livresque et ne cache pas les travers d'une telle passion. Attention, les livres sont dangereux, disait la grand-mère du narrateur dès qu'il avait le nez plongé dans un ouvrage. Oui, le livre est un objet à manipuler avec précaution. C'est une bombe à retardement, prudence !
"La maison en papier" raconte tout ça dans des mots bien choisis et prudemment mesurés. Beaucoup de très beaux passages sur les livres, les bibliothèques et ce que décèlent leurs contenus, la magie des mots et des ouvrages reliés ... A lire, et relire indéfiniment. Un très beau roman.
Pour les dévoreurs de livres 6 étoiles

Un homme va recevoir de la poste un livre dédicacé d’une collègue décédée à un inconnu et il va chercher à le rencontrer. Il ira de découverte en découverte.

C’est un livre intéressant, avec plusieurs beaux passages, écrit pour les bibliophiles, mais souvent je me sentais loin des personnages, trop éloignés de moi malgré des passions communes.

Nance - - - ans - 17 février 2010


Pour les amoureux des livres 9 étoiles

Un petit roman déconcertant par la passion, l'originalité et la folie qu'il dévoile, mais qui ravira tous les amoureux des livres ! Jusqu'où peuvent aller les bibliophiles ? Comment classer ses livres ? Comment les conserver ? Des réponses qui nous font souvent sourire, tranquant nos petits travers de grands lecteurs. Par le biais d'une histoire à suspense - un universitaire reçoit par la poste un livre de Joseph Conrad encore tout recouvert de ciment, destiné à sa collègue qui vient juste de mourir écrasée par une voiture en lisant les poèmes d'Emily Dickinson dans la rue - l'auteur nous livre quelques manies amusantes d'érudits collectionneurs, et la réflexion suivante : jusqu'où peut mener la passion des livres ? Jusqu'à la folie, assurément. Jusqu'à construire sa maison avec ?
Vous aimez les livres ? Alors foncez, vous adorerez !

Laure256 - - 51 ans - 15 juillet 2005


Sur la plage abandonnée... 7 étoiles

Difficile de passer après Clarabel, elle a tout dit, et très bien dit. On ne peut effectivement que donner ses impressions de lecture : c'est une très intéressante histoire, en forme de fable, avec morale finale incluse: Ce ne sont pas tant les livres qui sont dangereux finalement, que la place qu'on leur donne....
Cette histoire a un caractère assez envoûtant, effectivement tous ceux qui aiment les livres peuvent s'y reconnaitre à un moment ou à un autre.
Dommage que ce soit si court, j'aurais bien aimé que ce soit développé un peu plus...

Cuné - - 56 ans - 15 novembre 2004


Quand la passion des livres tourne à la folie 9 étoiles

J'adhère totalement à la très belle critique de Clarabel qui m'a donné l'envie de lire ce magnifique roman de l'argentin Carlos Maria Dominguez (et non de Geneviève Leibrich qui est la traductrice)
Ce livre est une véritable ode aux livres et à ceux qui en sont amoureux (comme beaucoup d'entre nous ici, c'est pourquoi j'invite tous les membres du site à lire d'urgence ce court récit).

Clarabel a très bien résumé l'histoire de ce roman consacré à tout ceux qui éprouvent une véritable passion pour les livres. L'auteur les esquisse d'ailleurs très finement et chacun d'entre nous se retrouvera dans un passage ou l'autre : que ce soient ceux qui adorent le livre objet et sont fiers de leur bibliothèque ou ceux qui ne se soucient pas du contenant mais pour lesquels seul le contenu importe. Ce livre m'a d'ailleurs rappellé certains forums de CL où chacun dévoilait ses petites manies livresques.

J'ai été séduite dès les premières pages et l'écriture poétique de l'auteur nous porte au fil des pages et de la passion d'un homme pour les livres qui finira par le rendre fou, au sens premier du terme.

Une merveille, qui comme le dit Clarabel, est à lire et à relire.

Je vous livre un court extrait dans lequel je suis sûre beaucoup d'entre nous se reconnaîtront : "Souvent, il est plus difficile de se défaire d'un livre que de se le procurer. Les livres s'accrochent à nous en un pacte de nécessité et d'oubli, comme s'ils étaient les témoins d'un moment de notre vie auquel nous ne reviendrons plus, mais que nous croyons préserver tant qu'ils restent là". Voilà comment s'entassent dans notre bibliothèque des livres que l'on sait pertinemment qu'on ne relira jamais mais dont l'on ne parvient pas à se séparer.

Féline - Binche - 45 ans - 16 juillet 2004