Des m2 de commercialité à la banqueroute du logement parisien
de Sandie Khougassian

critiqué par John Doz, le 6 octobre 2018
( - 71 ans)


La note:  étoiles
Des m2 de commercialité à la banqueroute du logement parisien, Sandie Khougassian
La commercialité d’un bien immobilier ne vous dit rien ? Le concept pourrait sembler vague et pourtant, son empreinte est aujourd’hui bien scellée dans le macadam des trottoirs de la capitale jusqu'à arpenter toutes les veines de l’hexagone.
On entend par «commercialité» le caractère de ce qui est par essence « commercial » mais comment appréhender la commercialité lorsqu’elle se trouve ou non au pied de votre immeuble, lorsqu’elle s’est collée ou non aux embrasures des portes de votre appartement ou qu’elle a passé ou non la porte de votre bureau ?
La question est de savoir pourquoi la commercialité s’est tout simplement invitée chez vous et pourquoi, enfin, elle ne peut plus être ignorée.
« Paris sera toujours Paris » (Frédéric Dard) résonne comme une évidence, les déclarations dédiées au registre amoureux pour la grande et belle ville lumière sont intarissables et n’ont pas manqué de marquer à chaque ère de chaque nouvelle formation les grands esprits, penseurs, poètes et artistes de ce monde.
Troisième capitale au classement mondiale de l’attractivité sur les investissements stratégiques (KPMG, 9e édition de l’Observatoire, mars 2018), Paris séduit, Paris fait rêver, Paris ne cesse de nourrir les ambitions les plus folles mais avec le succès, le revers est, comme on le sait, le plus souvent amer.
Les zéros s’amoncellent chaque année par million dans la colonne « touriste » (ils étaient près de 89 000 000 de visiteurs étrangers en France en 2017 et passeront à 100 000 000 à l’aube de 2020).
Le parisien loueur de meublés touristiques convoite la part belle aux euros chancelants de la vague saisonnière en louant tout ou partie de son logement tandis que le parisien sans toit a perdu foi en sa chère patrie peinant à trouver des bailleurs quelque peu complaisants. La course à la commercialité prend alors tout son sens.
La préservation des ardoises françaises filtrera-t-elle la liberté de disposer de son chez-soi ou redéfinira-t-elle le principe même de la propriété ? Que penser des nouvelles habitudes des français ? Et que nous réserveront nos politiques à l’heure de la grande économie collaborative ?