La Légende du saint buveur
de Joseph Roth

critiqué par Pucksimberg, le 1 octobre 2018
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un clochard parisien et Sainte Thérèse
Ce texte court, parabole ou conte ou nouvelle, est assez touchant dans sa peinture d’un clochard vivant sur les quais de la Seine. Un jour il reçoit l’aide d’un anonyme qui lui donne 200 francs. Ce dernier lui demande de rendre cet argent plus tard à la petite Sainte Thérèse de Lisieux à l’Eglise Sainte-Marie des Batignolles. A partir de cet instant il ira de surprise en surprise et sera confronté à d’heureux hasards.

Joseph Roth est touchant dans cette histoire simple aux allures de conte. Le texte se lit rapidement et met en scène un personnage attachant qui éprouve de grandes difficultés à se détacher de l’alcool. Parce qu’il est touché par la grâce dans ce texte, ce conte prend des allures religieuses. Ce personnage qui traîne dans les bars et qui côtoie des filles de petite vertu se doit de rencontrer la petite Sainte Thérèse. Certains passages feront sourire le lecteur car Andréas, le personnage principal, est de bonne foi, souhaite rendre cet argent, mais il est sans cesse confronté à un élément qui va l’éloigner de son but.

Ce texte est touchant aussi car c’est le dernier texte que Joseph Roth a écrit, lui qui est mort à cause de l’alcool. Il ne s’agit pas d’identifier le personnage principal à l’écrivain, mais il n’empêche que certains points rendent cette histoire plus attachante si l’on s’intéresse un peu à son auteur. Joseph Roth a vécu la fin de sa vie à Paris. Il parle donc d’un espace qu’il a connu.

Ce qui est très appréciable chez cet auteur est qu’il ne juge pas ses personnages. Ce sont des hommes avec leurs qualités et leurs défauts. On ressent une certaine compassion chez cet auteur qui semble touché par les problèmes de ses semblables. Il décrit le quotidien d’individus qui ne sont pas toujours exceptionnels et en même temps fait d’eux des êtres intéressants suscitant la sympathie du lecteur.