Paroles de nuages : Contes de la pluie et histoires d'eau
de Bernard Lacombe

critiqué par CCRIDER, le 8 juin 2004
(OTHIS - 76 ans)


La note:  étoiles
Ou quand un scientifique se mèle de littérature
Les contes traditionnels sont un trésor , ils reflètent l'âme des peuples . Ils sont l'essence même de la littérature vivantes car ils n'existent pas pour être lus mais pour être racontés à un véritable auditoire . Ils naviguent à mi-chemin entre l'écriture et le théâtre .
Ici , rien de tout cela . Lacombe , un anthropologue a imaginé des contes "modernes" sur le thème de l'eau pour le compte de l'Institut de recherche pour le Développement . Cet organisme a publié l'un d'entre eux dans sa revue "Sciences au Sud" et l'Harmattan s'est chargé du reste (avec ou sans subvention ?)
La déception est assez grande avec ces pseudos-contes : pas de sagesse millénaire , pas de regard vraiment philosophique sur la vie , pas de truculence . Tout juste quelques historiettes assez plates ou banales , remplies de clichés ou de lieux communs . La seule chose qu'on ne peut nier à l'auteur c'est une certaine dose d'humour qui permet au lecteur de ne pas quitter le livre en route . Tout est faux et occidental là-dedans . L'auteur ose même inventer une origine fantaisiste pour ses "contes" : yombé , kou , bozo , bissa , colon et même "parisi" ( pour le conte syndicaliste , bien sûr !) . Quelques images poétiques ou touchantes comme celle de cette goutte d'eau qui tombe sur le visage d'une femme ( palestienne ou israélienne ?) brisée par son chagrin et qui n'avait plus de larmes à verser .
Un seul texte sort de ce lot plutôt médiocre : " La brebis et le pluviomètre" qui est une amusante charge contre le freudisme . A force d'être enfermé dans un enclos avec un pluviomètre , l'animal finit par lui parler et par le prendre pour un grand psy .
" La peur de l'eau" ressemble à la reprise d'une blague . Jugez plutôt : un type libère d'une bouteille un génie qui lui permet d'exaucer un seul voeu. Comme le gars a peur de l'eau , il lui demande de lui construire un pont pour aller jusqu'en Amérique . Le génie refuse et accepte un second voeu . L'africain demande à comprendre les femmes . Le génie lui répond : " Ton autoroute tu la veux à deux ou quatre voies ?"
Quand un scientifique se mèle de littérature , on peut craindre le pire ... On n'en est pas loin . N'invente pas de conte qui veut .